Numéro 903 - Format PDF

Les événements du 7 au 11 janvier nous auront fait changer de monde. Désormais les deux éléments moteurs de la crise sociale que notre Pays traverse sont visiblement entrés en conflit. D’un côté le terrorisme à la Kouachi-Coulibaly, qui, dans ses dernières manifestations, ressemble aux ultimes soubresauts d’une religion médiévale qui ne veut ni changer ni mourir et qui aujourd’hui devient « le terrorisme à la portée de tous » ou « le terrorisme pour les nuls » (p. 11), étendant son Empire sur d’immenses territoires africains, avec les mêmes méthodes (p. 10). De l’autre côté, le Système républicain, qui gouverne au nom de la Liberté mais qui a toujours cultivé l’absolutisme, hérité de la « Grande Révolution » (pp. 8 et 9). Résultat de cet absolutisme ? Dans une école de la République, un enfant de huit ans est déféré au Commissariat pour avoir dit : « Moi, je suis avec les terroristes ».

« Nous sommes en guerre », Monsieur Valls a raison. Mais de quelle guerre s’agitil ?

Il existe aujourd’hui en France une situation d’insécurité culturelle, que l’on peut interpréter comme une guerre, nous faisant passer tous les jours de la violence larvée (des menaces, des mots, des attitudes) au silence obligé (des analyses interdites, des mots prohibés). Antoine Ciney et Richard Dallaux tentent de la décrire (pp. 12 et 13)… Elle ne fera vraisemblablement que s’aggraver dans les prochaines années. Guerre de civilisations ? Non. Les civilisations ne se battent pas entre elles. Il s’agit plutôt d’une guerre de civilisation au singulier ; il s’agit de se battre pour l’avenir de la transmission, dans un monde paralysé par la peur et par la haine.