« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

En diplomatie, l'incohérence mène à la guerre

Il est stupide, dangereux et inutile de décréter un deuil national et de mettre les drapeaux français en berne après le monstrueux assassinat d’un citoyen français par des islamistes algériens. Stupide, parce que si l’on déclare la guerre aux terroristes, il faut s’attendre à avoir des morts, y compris parmi la population civile. Protester contre l’horreur du crime perpétré sur le malheureux Hervé Gourdel, avertir ses auteurs qu’il ne restera pas impuni et tout faire pour avoir leur peau, oui. Mais mettre les drapeaux en berne pour honorer une victime risque d’être interprété par nos ennemis comme un signe de faiblesse et c’est pourquoi cette décision est dangereuse : loin de dissuader les groupes islamistes, elle les incitera à chercher de nouveaux otages. La seule utilité que l’on pourrait lui trouver relève d’un calcul politicien auquel on aimerait espérer que nos gouvernants n’ont pas pensé : tenter de se réconcilier avec les Français en communiant tous ensemble dans une même émotion… Il faut en revanche porter au crédit du gouvernement de n’avoir pas cédé au chantage des assassins, qui exigeaient l’arrêt des bombardements en Irak. Cela ne doit pas nous empêcher, toutefois, de demander ce que nous y faisons. La réponse semble aller de soi : la France tient sa place dans la lutte contre un groupe terroriste qui profite des difficultés que traversent deux pays souverains pour se tailler à leurs dépens un Etat qui lui servira de base pour tenter de déstabiliser davantage la région. C’est ce que dit clairement « l’Etat islamique » lorsqu’il déclare vouloir restaurer le « califat ». Mais il existe, justement, des Etats souverains : l’Irak et la Syrie. Le premier n’est toujours pas sorti du chaos où l’a plongé l’élimination par les Américains de Saddam Hussein. Le deuxième est aujourd’hui affaibli par le conflit que lui a livré une rébellion soutenue par les Occidentaux et composée en grande partie des mêmes islamistes que nous bombardons aujourd’hui. Qui les a soutenus et armés ? Qui avait déjà fourni des armes à leurs pareils en Libye ? Qui voulait, voilà moins d’un an, les aider à renverser le régime de Bachar El-Assad en proposant d’intervenir directement, à leurs côtés ? Qui, sinon les dirigeants politiques français ? Il serait temps de reconnaître que nous nous sommes trompés et d’aider matériellement l’armée syrienne à reprendre le contrôle de son propre territoire. La France a-t-elle encore une politique étrangère, ou n’est-elle que la vassale des Américains ? A cet égard, il est révélateur que François Hollande n’ait pas décidé d’intervenir en Irak pour secourir les chrétiens persécutés par les islamistes, mais après les meurtres – ignobles – d’otages américains. Par ailleurs, le conflit n’est-il pas latent ici même, en France ? La sagesse ne voudrait-elle pas que l’on s’occupe d’abord de ce qui se passe chez nous ? La classe politico-médiatique s’est empressée avec une hâte significative de dénoncer les « amalgames » entre l’islam et l’islamisme et d’applaudir aux manifestations de musulmans dénonçant l’assassinat d’Hervé Gourdel. Evidemment, tous les musulmans ne sont pas des meurtriers en puissance ; mais certains sont susceptibles de le devenir. Certains se sont probablement réjouis de ce meurtre. Certains partent faire la guerre « sainte » en Syrie et sont susceptibles de la pratiquer en France. Cela s’est vu, voilà pas si longtemps, avec les « Français » Kelkal ou Merah. Je ne voudrais pas conclure sans évoquer un autre sujet important : dans la logique de la loi Taubira, la cour de Cassation vient d’autoriser l’adoption par une lesbienne de l’enfant d’une autre lesbienne, né à l’étranger par PMA. Raison de plus pour manifester le 5 octobre avec la Manif pour tous, et d’exiger l’abrogation de la loi Taubira.

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