« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

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Cette gauche qui se fait harakiri

Trois débats d’un mortel ennui, un premier tour marqué par de gros cafouillages masquant mal une participation anémique. Hamon et Valls se sont disputés le cadavre du PS au deuxième tour. Manuel Valls est largement vaincu. 

Ils étaient sept nains politiques, Prof Peillon, Simplet Bennahmias, Timide Rugy, Joyeux Montebourg, Dormeur Pinel, Grincheux Valls et Atchoum Hamon (Atchoum, c’est pour son côté répulsif). Rose-Neige s’endort d’ennui en les écoutant tenter de la convaincre qu’ils devraient convoler jusqu’à la présidentielle. De toute façon, elle préfère déjà Macron, Zorro pervers qui prend aux pauvres pour donner aux riches, l’homme du système masqué en jeune Premier, façon Lecanuet des années 2000. Sinon, il y a Mélenchon, un presque sympathique Robin des Bois sur le retour. Allons directement au double dénouement de ce pathétique conte de fées : le 22 janvier, premier tour de la primaire. Les sondages ont eu tout faux une fois de plus, Montebourg, jadis donné gagnant, est battu. L’opposition Hamon/Valls représente deux visions du socialisme, et c’est le socialisme utopique de Benoît Hamon qui l’emporte, par KO sur son adversaire Manuel Valls.À chaque fois, c’est le même scénario : bureaux de vote déserts le matin, peu fréquentés l’après-midi. La fréquentation est pourtant un enjeu majeur pour le Parti, qui y joue sa crédibilité nationale. « Elle est de 1,5 à 2 millions de participants, plus proche des deux millions » claironne Cambadélis au soir du Premier tour. Mais patatras, le conte de fées n’aura pas tenu 24 heures. On a « ajouté » 350 000 votants, par un simple jeu d’écriture.  La ficelle était trop grosse ; les réseaux sociaux la dénoncent ; la Grosse presse met deux jours à les suivre.  On finit par plaider « le bug ». Un bug qui va massivement dans le sens de la Rue de Solférino : on ne saura jamais quelle a été la participation réelle au Premier tour. Au second tour, on atteint à peine les deux millions de participants… Le choix que viennent de faire les électeurs de la Primaire aura un poids considérable pour l’avenir de la Gauche. Manuel Valls le social-libéral a tenté de prôner la défiscalisation des heures supplémentaires (vive Sarkozy !), le maintien de la loi Travail, la ratification du CETA et le maintien du carcan budgétaire de l’UE. C’est pour CELA qu’il a été vaincu. Hamon s’ancre dans une gauche souvent fantasmée, avec son revenu universel, le libre recours à l’euthanasie ou la PMA facilitée, quelques mesures écolos, les portes ouvertes à l’immigration, la contrainte pénale plutôt que la prison, ou encore la « police de la discrimination », sans parler de la légalisation du cannabis.  C’est pour CELA qu’il a été élu et les deux programmes semblent totalement inconciliables.Identité ou utopie : populisme toujoursLes deux hommes tenteront sans doute de rentrer les griffes, car l’avenir du PS est en jeu dans cette primaire d’un Parti moribond et d’autant plus prêt à exploser que Macron et Mélenchon incarnent mieux que les rivaux du PS les deux ailes de ce canard boiteux.Mélenchon qui n’apprécie pas la concurrence à gauche attaque Hamon, qualifiant le revenu universel d’« escroquerie politique ». Quant à Macron, il n’annoncera son programme que s’il passe au second tour… mais on en a déjà un aperçu avec les 150 000 euros de frais de représentation de Bercy qu’il aurait utilisés pour financer son mouvement. Et il semble qu’après avoir été épargné par les médias, il va concentrer les tirs de tout ce qui reste de la Socialie… Benoît Hamon, au soir de sa victoire, n’a pas hésité à le traiter de « clignotant », une fois à droite, une fois à gauche.Le Parti socialiste résistera-t-il à ce choc ? Pour l’instant seul Valls est victime de ce scrutin et, au soir du Deuxième tour, on préserve les apparences. Mais les socialistes vont très vite être obligés de choisir entre Benoît Hamon et Emmanuel Macron et l’image de Macron, l’homme qui se dit « ni droite ni gauche », risque de souffrir d’un ralliement massif de socialistes déboussolés. Pour lors, Benoît Hamon tente d’envoyer des signaux à Yannick Jadot et à Jean-Luc Mélenchon pour « construire une majorité ». Alors que plusieurs caciques du PS (Gérard Collomb ou Ségolène Royal) se détournent plus ou moins ostensiblement de lui, le nouvel élu de la Primaire rejoint son espace naturel à la gauche de la gauche. Il tentera de surfer sur la vague d’un populisme de gauche, qui est comme toujours foncièrement utopiste. Première leçon : celui qui apparaît décidément comme le véritable vainqueur, partout où les urnes reçoivent des bulletins de vote en liberté, c’est le populiste. Populiste de droite au nom de l’identité, populiste de gauche au nom de l’utopie. Le populisme est la dernière mode. Marine Le Pen, François Fillon (pendant son meeting du 29 janvier), Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et maintenant Benoît Hamon sont tous des candidats autoproclamés anti-système. Il semble bien que sera intronisé finalement celui ou celle qui dans trois mois aura pu faire la preuve qu’il l’est véritablement.  

Richard Dalleau

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