« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Devant la crèche

A l’approche de Noël – ou des « fêtes de fin d’année », comme disent les apôtres de la sainte laïcité –, une nouvelle polémique s’est engagée à la suite de la décision imbécile du tribunal administratif de Nantes ordonnant le retrait de la crèche installée au Conseil général de Vendée, tandis qu’à Béziers, le maire, Robert Ménard, refusait de démonter celle de la mairie comme le lui ordonnait le préfet de l’Hérault. Il est rassurant de constater qu’alors que la dette publique et le déficit de l’Etat explosent, que le nombre des chômeurs s’accroît et que les Français ne font plus confiance aux politiques pour sortir notre pays de l’ornière où ils l’ont entraîné, les autorités de la République ont toujours à cœur de réprimer ces atteintes sacrilèges à la loi de Séparation de 1905, fondement des valeurs démocratiques…
Les Français, toutefois, ont mal accueilli l’idée de cette chasse aux santons, qui a suscité chez beaucoup de nos compatriotes, et pas seulement les catholiques, une irritation vivement exprimée sur les chaînes de radio ou sur Internet. Pour une grande majorité d’entre eux (71 % selon un sondage Ifop), les crèches ont leur place dans les mairies et les lieux publics, comme la sonnerie des cloches dans le ciel de nos villes et villages, sinon comme des symboles chrétiens, au moins en tant qu’éléments constitutifs des traditions et de la culture nationales. Même lorsqu’ils ont perdu la foi de leurs aïeux, ils se souviennent que le catholicisme est constitutif de l’identité française, aujourd’hui si menacée. Dans ce contexte, dire « touche pas à ma crèche » est une façon de dire « touche pas à ma France ».
Même si notre patrie est une création politique et temporelle, elle a aussi sa part de Ciel, comme le lui avait rappelé le pape Jean Paul II au Bourget, en 1980, en lui adressant une question restée gravée dans les mémoires : France, fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême, à l’alliance avec la Sagesse éternelle ? Fille aînée de l’Eglise, éducatrice des peuples : tels sont les titres de notre pays, portés, au sein de l’immense cortège des saints, par le pèlerinage de ceux qu’elle a donnés au monde, la somptueuse litanie des saints et saintes de France : Blandine, Martin, Denis, Geneviève, Clotilde, Louis, Jeanne d’Arc, Jeanne de France, François de Sales et Jeanne de Chantal, Vincent de Paul, Jean-Marie Vianney, Bernadette, Thérèse de l’Enfant-Jésus, et tant d’autres.
Certes, quellles que soient nos origines et nos patries terrestres, nous appartenons à l’unique Eglise du Christ ; mais dans son Apocalypse, saint Jean ne décrit-il pas « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et langues » ? Cette description m’évoque les JMJ à Paris, en 1997 et le spectacle étonnant de ces groupes de jeunes de toutes nations et de toutes langues qui communiaient dans une même foi. En circulant de groupe en groupe, on reconnaissait chaque peuple à la manière qui lui était propre de se tenir, de prier, de chanter, et de se réjouir – car ce rendez-vous de Dieu était profondément joyeux. Image de l’Eglise et réalité du Royaume ici-bas. L’Eglise, au Ciel et sur la terre, n’a rien à voir avec la confusion cosmogonique qu’annoncent les adeptes des philosophies de l’Orient et les pseudo-prophètes du Nouvel Âge. Elle tient les paroles de la Vie éternelle, que lui a confiées l’Enfant de Noël représenté dans nos crèches, couché dans la mangeoire entre le bœuf et l’âne, sous le regard aimant et protecteur de la sainte Vierge et de saint Joseph. Et quelles que soient les turbulences des temps, nous pouvons tenir pour acquis que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre Elle. Joyeuse fête de la Nativité à tous nos lecteurs !

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