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Eric Letty

Editorialiste

Frondes nationales contre le Goliath eurocratique

Marine Le Pen, pas folle, ne tombera pas dans le piège de l’expertise psychiatrique à laquelle des magistrats voudraient la soumettre. Le parquet de Nanterre argue que « c’est une obligation légale, pas un régime spécial Marine Le Pen »; or, “l’affaire’ elle-même ressemble, depuis l’origine, à un « régime spécial »: la présidente du Rassemblement national a été mise en examen pour avoir publié sur son compte Twitter, le 16 décembre 2015, des clichés atroces d’exécutions perpétrées par l’État islamique, avec le commentaire : « Daech c’est ça ! ». Elle répondait au journaliste de BFMTV Jean-Jacques Bourdin, qui, avec sa finesse coutumière, avait comparé le Front national au mouvement terroriste musulman.Molière est toujours d’actualité : qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. La polémique qui se déchaîna ne prit pas pour cible l’accusateur Bourdin, coupable d’avoir proféré une ineptie insupportable un mois après les attentats qui avaient ensanglanté Paris, mais l’accusée Le Pen, condamnable par nature et principe. C’est donc celle-ci que la “justice ”à la française a poursuivie, pour « diffusion de message violent, pornographique ou contraire à la dignité susceptible d’être vu ou perçu par un mineur ». Molière encore : cachez ce sein que je ne saurais voir (Tartuffe…). Marine Le Pen dénonce à bon droit une dérive totalitaire. Ces méthodes-là évoquent en effet l’Union soviétique. Pas celle de Staline, certes ; mais celle de Brejnev, un totalitarisme fonctionnarisé qui organise la mort sociale des opposants. La première victime de ce totalitarisme est la justice, qui est, avec le maintien de l’indépendance de la nation, l’un des principaux buts de l’organisation politique de la Cité. Or, du mur des cons à la nouvelle affaire Le Pen, en passant par l’élimination de Fillon à la présidentielle, l’appareil judiciaire français – ne parlons pas de justice – est de plus en plus suspect de parti pris idéologique et de se plier à des manoeuvres partisanes.Politiquement, il est au service de l’eurocratie, qui lui renvoie la balle : ainsi, le 2 mars 2017, le parlement européen a levé l’immunité parlementaire de Marine Le Pen, àla demande de l’appareil judiciaire français qui souhaitait la poursuivre pour la publication desimages d’exécutions. Et dans le cadre d’une autre enquête ouverte sur des contrats d’assistants parlementaires présumés fictifs au parlement européen, les juges d’instruction français ont ordonné la saisie à titre confiscatoire de 2 millions d’euros sur les aides publiques versées au Rassemblement national. Le quotidien La Croix observait le 6 août dernier que cette saisie pénale, mesure utilisée dans les affaires de grande délinquance financière, est « une première pour un parti politique ». Force est de constater que le MoDem de François Bayrou, qui fait l’objet des mêmes soupçons, n’est pas traité de la même façon.L’enjeu n’est pas le même non plus. La publication d’un récent sondage montre qu’aux prochaines européennes, le Rassemblement national (porté, malgré son actuelle inertie, par l’opposition des Français à l’immigration de masse), ferait jeu égal avec le parti macroniste – et l’on peut même penser qu’il le devancera. Ce serait un camouflet pour le président de la République, qui a déclaré la guerre aux « nationalistes » au nom de ses conceptions européistes. C’en serait un aussi pour l’eurocratie, incapable de résister au réveil des nations qui se manifeste partout en Europe et désormais réduite à user de sanctions contre la Pologne ou la Hongrie de Viktor Orban pour tenter d’imposer son idéologie ultra-libérale et mondialiste aux peuples qui n’en veulent pas. Or, l’Empire apparaît désormais comme un Goliath fragilisé, en face duquel chaque peuple frondeur est un nouveau David. // Eric Letty Éditorialiste

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