« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

À qui profite la guerre des sexes ?

« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa ». Pour réfléchir aux relations entre les hommes et les femmes, c’est à la Genèse qu’il faut en revenir. Le récit biblique situe la double création de l’homme et de la femme au sixième jour, comme le point d’orgue de l’OEuvre divine, et se conclut par l’appréciation du Créateur sur son propre ouvrage :« Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et cela était très bon. » Le deuxième texte de la Genèse concernant la création de l’humanité montre l’émerveillement de l’homme devant la femme : « Celle-ci cette fois est os de mes os et chair de ma chair ! » Et le texte saint conclut :« C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. »Notre civilisation s’est construite sur ces deux récits qui n’en font qu’un. Ils annoncent, par la joie et l’exultation qu’ils portent, le Magnificat de la Sainte Vierge :« exulte mon esprit en Dieu mon sauveur ». Mais cette joie est vite brisée par le péché originel, dont l’un des premiers effets consiste à troubler l’entente et l’union entre l’homme et la femme. Piteusement, avec une bonne dose de toupet et de cynisme, Adam accuse à la fois Eve et Dieu : « La femme que vous avez mise avec moi m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. »La première violence conjugale de l’histoire humaine est sans doute dans cette manière d’accuser celle avec laquelle l’homme ne devrait faire qu’une seule chair ; et ainsi, de se détacher d’elle. Adam tombe dans le piège diabolique, du diviseur. Cette distance entre l’homme et la femme, créés pour être complémentaires, signe la première victoire du diable sur l’être humain.Par maints aspects, l’époque actuelle ramène à la Genèse et à la tentation originelle. Aujourd’hui, par l’idéologie féministe, c’est Ève qui accuse Adam ; mais dans ce combat« perdant-perdant », c’est toujours l’Ennemi de l’homme qui s’y retrouve. Il entre plusieurs formes de mensonges dans cette accusation féministe contre le « mâle » – par exemple, la prise en compte des seules violences physiques au sein des couples, en passant sous silence les violences psychologiques, non moins destructrices et qui peuvent être le fait de l’un et l’autre sexes ; ou le refus, pour des raisons idéologiques, d’admettre qu’en matière d’agressions sexuelles, l’immigration est un facteur aggravant. Une autre tromperie consiste à exagérer volontairement l’importance de ce que l’on dénonce, en prétendant que les « féminicides », autrement dit les meurtres de femmes par leur conjoint, sont enaugmentation, alors qu’ils sont stables. C’est d’ailleurs une chance, car l’on pourrait s’attendre à une telle augmentation, en raison de la disparition des repères moraux au sein de notre société. Mais si le crime est une permanence inhérente à la nature humaine marquée par le péché, la loi naturelle prévaut encore. Et, à l’inverse de ce qu’instille la doxa féministe, les violences conjugales, multiformes et trop réelles hélas, ne représentent pas la norme dans le quotidien des couples.C’est pourtant ce que l’on essaie de nous faire croire en créant l’illusion d’une guerre des sexes. Toujours à l’affût d’une occasion de créer l’événement et de promouvoir son image, Marlène Schiappa se prête à ce jeu en annonçant un« Grenelle des violences conjugales », après le Grenelle de l’Environnement et avant – pourquoi pas ? – un Grenelle contre la pluie et pour le beau temps. Un jeu dangereux, qui contribue à déliter le principal lien social, celui qui fonde les familles. Mais n’est-ce pas, au fond, le but recherché ? La réponse se trouve dans la Genèse.

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