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Eric Letty

Editorialiste

Macron, en route vers le néant

Depuis deux ans et demi qu’il gîte à l’Élysée, Emmanuel Macron s’ingénie à s’aliéner les Français qu’il prétendait vouloir unir autour de lui. Les faux sages et derniers macronistes déplorent que ce peuple, assemblage incertain de « Gaulois réfractaires », selon les mots du président d’infortune, soit impossible à gouverner et regrettablement indiscipliné. C’est sans doute vrai et l’on s’en plaignait déjà sous l’Ancien Régime. Les Français ne sont pas des Chinois ;certains s’en désolent. Raison de plus pour ne pas les mépriser ouvertement.Depuis deux ans, deux orages, différents parleurs motifs et la forme qu’ils ont prise, ont secoué le pays : la colère des Gilets jaunes, en rejet du racket d’État ; puis la protestation contre une réforme des retraites brouillonne et dangereuse – même si les syndicats la critiquent pour de mauvaises raisons. En décembre 2018, au cours d’une visite au Puy-en-Velay, Macron avait fui devant une foule en gilets jaunes. Un an plus tard, il a fallu l’exfiltrer d’un théâtre parisien sous protection policière. Le président peut-il encore quitter son palais ?Le pouvoir, qui craque comme un sabot démâté dans la tempête, fracture chaque jour davantage une France en état de désagrégation. Les signes en sont nombreux. Les pompiers en viennent aux mains avec les CRS. Le ministre de l’intérieur, prévoyant un camouflet électoral aux municipales, se prépare déjà à le camoufler par une manoeuvre grossière. À Paris, le piteux candidat de l’Élysée arrive en troisième position dans les sondages, derrière Hidalgo et Dati, et lorsque Macron convoque au palais le trublion Villani pour lui ordonner de rentrer dans le rang, le vilain matheux envoie paître le président… dont l’autorité sur ses troupes semble sérieusement entamée !On croirait que Macron s’ingénie à trouver des moyens de se brouiller avec les Français. Son entêtement à imposer une loi prétendument bioéthique et la PMA sans père, lui vaut aujourd’hui l’hostilité des défenseurs de la famille et, parmi eux, celle de l’électorat catholique dont une partie conséquente (hélas)avait voté pour la liste LREM lors des dernières européennes. Dans la même veine que son ministre de la Santé, qui considère qu’un père peut être une femme, il déclare à la présidente des AFC : « Votre problème, c’est que vous croyez qu’un père est forcément un mâle. Tous les psychanalystes vous diront le contraire ».À l’évidence, l’Élysée aurait plutôt besoin d’un psychiatre… Mais comment ce vieil adolescent grandi dans les jupons de son professeur et dont les « filles » adoptives sont ses anciennes camarades de classe, pourrait-il savoir ce qu’est un père ?Toujours en quête d’un sujet polémique, retour d’un voyage en Israël où il a médité en guise d’exercices spirituels l’Imitation de Jacques Chirac, il ressort de sa boîte à bourdes la repentance « mémorielle » concernant les crimes contre l’humanité supposément commis par la France en Algérie, en se référant à la Shoah. Une trouvaille qui lui attire les foudres conjointes des défenseurs de l’oeuvre française en Algérie et de la communauté juive, aux yeux de laquelle la Shoah est unique. Bravo l’artiste ! Le président « new style », comme on dit chez lui, escompte la présence de Marie Le Pen au second tour pour l’emporter à la présidentielle de 2022. Encore faudra-t-il qu’il passe le premier tour – si la perspective d’une défaite assurée ne le dissuade pas de se présenter, comme Hollande avant lui. À ce rythme, il pourrait même devenir le premier président de la Ve République (hormis Pompidou, mort à son poste) empêché de finir son mandat. Dernier des macronistes, il pourra dire alors : j’ai tout perdu, fors l’orgueil. Après tout, mieux vaut se prendre (à l’honneur près)pour François Ier que pour Jacques Chirac.

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