« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Une secte mortifère

Je me demande parfois d’où vient la détestation farouche de la vie que manifestent les socialistes au pouvoir. Ils ne sont pas les seuls, sans doute, mais elle atteint chez eux un paroxysme. Il leur manque, certes, d’avoir été à l’origine de la légalisation de l’avortement, qui porte la griffe de Giscard d’Estaing, de son premier ministre Jacques Chirac, de son ministre de l’Intérieur le frère Michel Poniatowski et de Simone Veil, qui en fut le porte-bannière ; mais ils ont fait de leur mieux, de Neiertz en Aubry puis en Vallaud-Belkacem, pour l’aggraver, l’élargir, tenter d’ériger l’assassinat de l’enfant à naître en droit de la femme et de l’inscrire finalement au rang des droits de l’homme.

Il était logique que l’homicide s’étende à l’autre bout de la vie, la fin après le commencement. C’était logique, parce que, dans les deux cas, c’est la faiblesse qui est attaquée, d’abord celle de l’enfant que l’on n’aperçoit même pas, qui ne peut même pas désarmer l’intention homicide par un geste ou par un sourire ; et plus tard, la faiblesse du vieillard, qui dans notre univers matérialiste n’est plus perçu que comme une charge, une source de dépense menaçant l’équilibre budgétaire de notre belle sécurité sociale.

Allons plus loin : le matérialisme ambiant peut fournir des alibis à l’euthanasie, pratique de mort à laquelle les socialistes au pouvoir s’efforcent de conférer une légitimité légale et démocratique. Ces alibis peuvent être humanitaires – de plus en plus difficilement, puisque le développement des soins palliatifs présente une solution beaucoup plus humaine, justement, pour accompagner la fin de vie – ou ils peuvent être financiers ; mais ce ne sont jamais que des alibis, l’essentiel est ailleurs.

En réalité, nous sommes confrontés à une idéologie mortifère. L’un de ses représentants les plus en vue, en France, fut le sénateur Henri Caillavet, mort le 27 février 2013, en mémoire duquel la haute Assemblée fit ce jour-là une minute de silence, à la demande du sénateur François Fortassin, qui exposait ainsi les mérites du disparu : « Libre penseur mais surtout esprit libre, il était membre du Grand Orient de France et a créé la Fraternelle parlementaire. (…) il était avant tout un esprit éclairé, moderne, en avance sur son temps : on a pu le constater au travers de son travail de législateur, avec des textes consacrés notamment au don d’organes, à l’avortement, au divorce par consentement mutuel ou encore à l’homosexualité. » En somme, « un homme digne, modéré, mais pas modérément républicain. »

Un autre parlementaire, le député du Vaucluse et maire d’Orange, Jacques Bompard, s’est exprimé sur la nouvelle loi socialiste en gestation, qui ne vise, dit-il, « qu’à continuer à imposer une considération de la vie toujours moins sacrée, toujours plus individualiste, toujours plus malléable. Et il n’est pas besoin de préciser que c’est bien à une secte philosophique très déterminée qu’appartiennent ces projets. »

Il n’est pas besoin, non plus, de préciser que la secte philosophique évoquée par Jacques Bompard est la même que celle à laquelle adhérait Henri Caillavet. La franc-maçonnerie, dont le Grand Orient représente en France l’obédience la plus nombreuse, travaille toujours avec le même objectif : détruire le christianisme.

Les lois homicides sont, dans l’esprit de leurs promoteurs, un moyen très efficace d’y parvenir. Les prétextes et les alibis qui habillent cette volonté idéologique de destruction peuvent, bien sûr, être critiqués et démontés, mais ils ne doivent pas dissimuler la dimension anti-spirituelle d’une politique fondamentalement et avant toute chose anti-chrétienne.

En tuant les enfants dans le sein maternel et les vieillards, c’est le Christ que la franc-maçonnerie cherche à tuer dans la Cité et dans les âmes.

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