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Eric Letty

Editorialiste

Islam et laïcisme, la nouvelle guerre de religion

Le déferlement d’émotion affiché par la caste politique et médiatique après l’ignoble assassinat d’un professeur par un musulman tchétchène réfugié en France – et qui avait obtenu au mois de mars un titre de séjour en dépit de son implication antérieure dans des affaires de dégradation de bien public et de violences en réunion – illustre une fois de plus la célèbre maxime de Bossuet : « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».Depuis un demi-siècle, nos gouvernants et leurs devanciers n’ont eu de cesse de faire pénétrer sur le territoire français des millions d’immigrés musulmans, en jetant l’opprobre sur les Cassandre qui, comme Jean-Marie Le Pen, avertissaient du danger. Ils ont répété à satiété à ces nouveaux venus que nous avions contracté une dette envers eux, que leurs cultures d’origine n’étaient pas inférieures à notre civilisation et qu’ils ne devaient rien abandonner de leurs moeurs, suivant le modèle d’intégration prôné par les socialistes et SOS-Racisme. Or, ils s’aperçoivent aujourd’hui que l’islam n’est pas soluble dans les « valeurs » républicaines, entombent des nues et répondent par des incantations sur le prétendu « droit au blasphème », cher à Emmanuel Macron, et la liberté d’expression. Mais il ne faut pas être grand clerc, ni vénérable maître, pour comprendre que cette liberté d’expression ne s’applique qu’à leurs propres opinions.Nous voici revenus au temps des guerres de religion ; mais, paradoxalement dans notre pays de longue catholicité, le christianisme est marginalement concerné par ce conflit entre l’islam et le laïcisme. Non que le camp laïciste ait renoncé à « écraser l’infâme », comme disait Voltaire, mais il affecte de l’avoir terrassé. Ainsi, Claude Bartolone, alors président de l’Assemblée nationale, engageait-il les musulmans à s’éclairer aux Lumières républicaines : « Regardez le temps qu’il a fallu pour faire accepter à la religion catholique le fait qu’il y a une religion suprême pour chacun d’entre nous : c’est la religion de la République. » Cette religion d’État a son Église quasi-officielle, le Temple maçonnique (l’ancien Grand-Maître du Grand-Orient de France, Alain Bauer, disait lors d’un récent débat avec Eric Zemmour : « La franc-maçonnerie est l’Église de la République »). Elle dicte ses commandements, les« valeurs de la République », fuligineuses et incertaines, mais auxquelles le Citoyen est sommé d’adhérer sous peine d’être exclu de la communauté nationale. Elle publie ses dogmes inscrits dans ses lois et fulmine l’anathème contre quiconque blasphème contre le pseudo « droit » des femmes à l’avortement, l’idéologie féministe, les « racisés », les homosexuels, la shoah, le réchauffement climatique… Le tabou est prescrit partout, sauf en matière religieuse. Le seul blasphème toléré est celui contre Dieu et le « droit » qui en découle est, pour cette religion républicaine intolérante, une façon d’imposer son joug aux fidèles des autres confessions. De là surgit, sans surprise, le conflit avec les islamistes.Le catholique que je suis ne peut pas assister en spectateur à ce combat entre deux religions, qui me sont l’une et l’autre étrangères. D’abord, parce que cette guerre religieuse et la présence d’une nombreuse population exogène et souvent hostile à la France, dans nos banlieues où l’État se montre incapable de maintenir l’ordre et où les commissariats eux-mêmes sont attaqués, mettent en péril la paix civile. Ensuite, parce que le clan maçonnique, en affrontant l’islam, épargne d’autant moins le catholicisme qu’en l’agressant les laïcistes souhaitent échapper à l’accusation d’« islamophobie » et qu’il reste, au fond, leur cible principale. Or, la question adressée à la France par le pape Jean-Paul II en 1980 demeure d’actualité : « France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »Même l’apostat à bonnet phrygien ne se débaptise pas aisément. Et l’âme de mon pays, n’en déplaise aux républicains de toutes obédiences, est catholique.

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