Eric Letty
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Trump, une présidence en terrain miné
Je m’étonne toujours du ton militant qu’emploient les journalistes du système pour traiter des élections présidentielles américaines, comme si les citoyens français étaient conviés à élire le prochain hôte de la Maison Blanche… Mais, cette fois, les Français peuvent tirer des leçons du récent affrontement qui s’est déroulé entre Donald Trump et Joe Biden, sur fond de fraude massive, de censure du discours présidentiel par de grandes chaînes télévisées, de suppression des comptes du Président des États-Unis sur les réseaux sociaux (sous prétexte de « limiter les risques d’incitation à la violence », selon twitter !), ou de procédure tardive de destitution devant le Congrès, destinée à frapper le vaincu d’indignité.Pendant quatre ans, la gauche américaine a été humiliée, a tremblé et rongé son frein. Elle va se venger.« Vae Victis ! »À Washington comme à Rome, la roche Tarpéienne est proche du Capitole. L’hallali contre le déchu a pris prétexte de l’invasion du « Temple de la démocratie » américaine par une foule indignée protestant contre les fraudes, un accès de fièvre populaire présenté comme une tentative de coup d’État. Et le trépas de quatre personnes lors des heurts avec la police – dont une femme tuée d’une balle en pleine tête tirée à bout portant – n’a pas ému les grandes consciences : il y a les bons et les mauvais morts. Horresco referens, certains envahisseurs du Capitole ne brandissaient-ils pas l’ancien drapeau confédéré ?Des deux côtés de l’Atlantique, le bobo land médiatique, qui valorisait hier les émeutes racialistes meurtrières fomentées par le mouvement « Black Lives Matter », a aussitôt dénoncé la nostalgie esclavagiste et le suprématisme blanc.Pourtant, la présence de ces emblèmes du Sud vaincu a une autre signification ; elle souligne la fracture entre deux Amériques, celle des élites mondialisées et celle des perdants de la mondialisation : « les gens qui ne sont rien », comme dirait Macron chez nous. Car il existe une Amérique« périphérique », comme une France périphérique…C’est en cela que l’exemple du « populiste » Trump nous concerne, nous Français. Dès sa victoire sur Hilary Clinton, en novembre 2016, se sont ligués contre lui l’État profond américain – à commencer par les puissants services de renseignement –, les grands médias, les Gafa, monopoles géants de l’Internet, les agences de l’ONU comme l’Organisation mondiale de la Santé et le Fonds des Nations-unies pour la population, d’influentes associations comme le Planning familial international, des milliardaires comme Soros ou Bloomberg… Trump a beau lui-même posséder une fortune colossale, il est difficile de triompher d’une telle coalition.En France aussi, la démocratie est un jeu de dupes ;on l’avait vu en 2017, à la manière dont l’État, sa justice et les médias dominants avaient écarté l’insipide Fillon pour ouvrir à Emmanuel Macron la route de l’Élysée. On le constate encore aujourd’hui, quand des lois aussi dangereuses que celle très improprement dites de bioéthique sont votées en urgence et presque secrètement, que les libertés sont écrasées et que la surveillance des citoyens se resserre sans que le pouvoir rencontre de résistance. Au reste, Macron lui-même compte à peine ; au besoin, il sera remplacé par un alter ego, Edouard Philippe ou autre. Et si le représentant choisi par le système venait à perdre une élection, son vainqueur « populiste » se trouverait confronté, comme Trump aux États-Unis, à la coalition des représentants en France de l’élite mondialisée. Les responsables du demi-siècle d’erreurs qui ont conduit notre nation à la catastrophe pourraient même lui laisser porter le chapeau de la crise et payer l’addition au bout du compte.C’est pourquoi il paraît irréaliste de vouloir établir les conditions d’un relèvement national, sans modifier préalablement les institutions et réformer l’État – ce qui serait possible à un gouvernement porté par un fort mouvement populaire, sur l’écroulement de l’ancien désordre. Avant de construire sur un terrain miné, il faut déminer.