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Eric Letty

Editorialiste

Deux coups politiques au coeur de l’été

Quinze jours après la spectaculaire défaite de La République En Marche aux élections régionales, son chef suprême, Emmanuel Macron, a entamé avec fracas sa campagne présidentielle. Avec son mépris coutumier de la France et des Français, il a choisi, pour réaffirmer son autorité contestée, de mater ce peuple indocile et de le diviser. Pour y parvenir, il joue, comme de coutume, sur la peur de l’épidémie et la menace du confinement, quitte à renier une fois de plus sa parole. Les yeux dans les yeux des Français, il avait solennellement déclaré, lors de son allocution télévisée du 24 novembre dernier : « Je veux être clair : je ne rendrai pas la vaccination obligatoire ».Il fallait donc s’attendre à ce qu’elle le devienne. Au-delà des sophismes du pouvoir, c’est fait. Ceux qui résisteront à la dictature sanitaire qu’il instaure seront frappés de mort sociale, comme les opposants politiques, naguère, en Union soviétique.Le nouveau variant delta sert de prétexte. Près de nous, l’Angleterre, beaucoup plus touchée que la France, n’impose pas à sa population de se faire vacciner et le Premier ministre britannique Boris Johnson n’en a pas moins levé les mesures restreignant les libertés. Mais il ne se trouve pas dans la même situation qu’Emmanuel Macron, auquel le peuple français a infligé un désaveu cinglant : environ 3,5 %des 48 millions d’électeurs inscrits (abstentionnistes compris) ont voté pour le parti macroniste et ses alliés au premier tour des régionales. Il y aurait de quoi s’interroger sur la légitimité du résident de l’Élysée, sujette à caution dès l’origine et le montage politique, judiciaire et médiatique qui aboutit à l’élimination de François Fillon en 2017. Pour répondre à cette interrogation, Macron a choisi la manière forte : se poser paradoxalement en chef incontesté et susciter un conflit entre les Français, en instituant un camp du Bien, constitué de citoyens responsables et solidaires, auquel s’opposerait un camp du Mal, rassemblant les obscurantistes malveillants, dont les libertés seraient sévèrement restreintes. Les foules qui ont manifesté dès le 17 juillet contre cette mystification et cet abus de pouvoir, ne comptent pas : ne descendent dans la rue que les « gens qui ne sont rien », comme il dit. Il réprimera au contraire ces protestations pour se poser en défenseur de l’ordre et de la sécurité. Le calcul est cynique et lui ressemble. La vraie question qui se pose aujourd’hui n’est pas celle du vaccin lui-même, mais des libertés individuelles et publiques aujourd’hui menacées par le petit Ceaucescu du Touquet. Le peuple français est-il prêt à se soumettre à une dictature sanitaire qui a pour but inavoué la réélection d’Emmanuel Macron ?Le deuxième coup politique de l’été est signé par le pape François Ier. Au-delà de l’autoritarisme de l’actuel Souverain Pontife, le Motu Proprio Traditionis Custodes, qui ruine sans charité les efforts d’apaisement et de recherche d’unité des papes saint Jean-Paul II et Benoît XVI, ressort-il d’une volonté de leur successeur de restaurer sa propre image auprès d’un certain clergé progressiste, de plus en plus minoritaire, mais encore influent ? Je suis tenté de le penser. Récemment encore, le pape a déçu ces cercles en n’accédant pas aux vœux de certains évêques allemands de bénir les unions entre personnes de même sexe, car la Congrégation pour la doctrine de la foi s’y était opposée. Veut-il se soustraire à l’accusation de céder aux conservateurs – fût-ce au prix d’une injustice ? Ou bien pousser l’ensemble des “tradis” à rejoindre la seule Fraternité Saint Pie X, pour les marginaliser au sein d’une communauté en rupture au moins partielle avec Rome ? Ce Motu Proprio, qui fait un nouvel accroc dans la Tunique sans couture, risque de rencontrer des oppositions, au-delà même des milieux séduits par la forme extraordinaire car on peut assister le plus souvent à la messe dans la forme ordinaire, dans sa paroisse (ce qui est mon cas), mais considérer le rite traditionnel comme un trésor spirituel de l’Église à préserver à tout prix. Il est dommage – et heureux aussi – que ce soit un athée, Michel Onfray, qui, dans Le Figaro, doive rappeler au pape la parole de saint Jean : « Tout esprit qui divise Jésus-Christ n’est point de Dieu ».

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