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Abbé de Tanoüarn

Rédacteur en chef

Quand le pape tire sur ses troupes

Vous ne pourrez pas profiter, dans ce numéro, du talent et de la vision de notre éditorialiste habituel. Eric Letty a contracté le Covid : rien de grave, mais il est à l’hôpital pour quelques jours. C’est donc à moi qu’il revient de prendre la plume pour vous souhaiter un Joyeux Noël dans la lumière de l’Enfant Dieu. Dans sa divino-humanité, Jésus nous donne la vraie mesure de l’aventure humaine : Dieu s’est fait homme afin que l’homme devienne Dieu nous répètent les Pères de l’Église. Ce résumé sublime de la foi chrétienne nous emporte très loin des scandales, des impuissances et des abus de pouvoir que donne à voir, avec une étonnante impudeur, la structure ecclésiale. Jacques Maritain avait décidément raison : il ne faut jamais oublier de distinguer entre la personne mystique de l’Église, épouse du Christ pour les siècles des siècles, et son personnel d’un jour, minuscule et pécheur.Le 18 décembre dernier, comme pour mieux nous gâcher les fêtes de Noël, le pape François, par l’intermédiaire du préfet de la Congrégation pour le culte divin, Mgr Roche, a répondu à des questions que posent son Motu proprio, Traditionis custodes. Des réponses que je ne détaillerai pas ici mais qui vont toujours dans le sens de la répression du rite traditionnel, jusqu’à, par exemple, interdire aux prêtres de dire deux messes dans la journée, si la deuxième messe est selon le rite de saint Pie V. En effet, ce serait donner le choix aux fidèles d’assister à l’une ou à l’autre messe, alors qu’en soi, précise Mgr Roche, ils n’ont pas le choix : la messe rénovée est l’unique forme du rite romain, comme le porte noir sur blanc le premier paragraphe du nouveau Motu proprio, et donc, comme l’explique le dernier paragraphe, les autres rites romains (dont le rite traditionnel) sont abrogés. Ce que saint Pie V, le pape qui fut aussi grand inquisiteur n’avait pas osé faire : abroger les rites antérieurs, François, le pape qui professe que « nous sommes tous frères »l’a fait, sans consulter les intéressés. A-t-il ce pouvoir sur le sacré ? Bien évidemment non. L’abus de pouvoir est complet, dans la forme de ce Motu proprio, comme dans le fond de ce qu’il nous réclame : les rites qui sont comme le vêtement inaliénable de l’antique sacrifice, de l’Offrande du Christ. De notre offrande !Nous fêterons Noël avec d’autant plus d’intensité cette année, avec d’autant plus de joie secrète, que nous avons besoin de cette lumière de la Crèche, de cette humilité de l’Enfant Dieu pour mieux « garder le dépôt » que le Christ a confié à ses apôtres.

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