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Eric Letty

Editorialiste

Vaccinons-nous contre Bruxelles

Prémices d’un scandale majeur, ou coup d’épée dans l’eau ? Plusieurs événements, survenus au cours du mois d’octobre, mettent en cause la gestion de l’épidémie de Covid 19 par la Commission européenne et le rôle très particulier qu’a joué sa présidente, Ursula von der Leyen. La Cour des comptes européennes a publié un rapport relevant de nombreuses anomalies dans les achats de vaccins par la Commission ; le parquet européen a annoncé l’ouverture d’une enquête ; et la commission spéciale du Parlement européen sur la Covid (COVI) a entendu les représentants des fabricants de vaccins et les hauts fonctionnaires bruxellois, dont les réponses aux députés sont instructives.

Janine Small, chargée des marchés internationaux de Pfizer, a ainsi convenu que, lors de la mise du “vaccin” sur le marché, l’entreprise pharmaceutique ne savait pas s’il empêchait la transmission du virus, son efficacité n’ayant pas été testée. « Nous devions aller à la vitesse de la science pour vraiment comprendre ce qui se passait dans le marché », a-t-elle expliqué. Une vraie priorité en temps de pandémie ! Cela n’a pas empêché le gouvernement français de contraindre par des mesures liberticides la population àse faire injecter le nouveau produit par ARN messager ; ni Emmanuel Macron d’affirmer, le 12 juillet 2021 :« Tous les vaccins disponibles en France nous protègent solidement contre ce variant delta : ils divisent par 12son pouvoir de contamination et évitent 95% des formes graves ». Sa boule de cristal était sans doute plus performante que celle de Pfizer…

On a bien vu, depuis, que les pseudo-vaccins n’empêchent pas la contamination. Fin octobre, un haut fonctionnaire s’exprimant devant la COVI au nom de la Commission européenne, n’en estimait pas moins ces produits « très efficaces », puisque « nous avons pu réduire le nombre de cas graves et c’est ça[leur]intérêt ». « Certes, on aurait pu espérer un vaccin qui bloque la transmission du virus, mais on n’y est pas encore », concluait-il sans rire. Selon le dictionnaire Robert, un vaccin est une « substance pathogène qui, inoculée à un individu, lui confère l’immunité contre une maladie ». L’Union européenne a donc acheté des milliards de doses de “vaccins”…qui n’en sont pas.

C’est le deuxième volet du dossier, et non le moindre. Entre août 2020 et novembre 2021, la Commission de Bruxelles a conclu avec huit entreprises pharmaceutiques des contrats, lui permettant d’acheter4,6 milliards de doses de ces “vaccins” – soit dix doses par habitant de l’Union ! – pour un coût d’environ 71milliards d’euros. Plus de la moitié seraient fournies par le géant américain Pfizer, associé à l’Allemand BioNTech. Or, les anomalies abondent dans ce dossier. Ainsi, le contrat le plus important a été négocié avant appel d’offres, directement entre Ursula von der Leyen et Albert Bourla, le patron de Pfizer. Au cours de ces « négociations préliminaires », ont été déterminés, entre autres, les prix et quantités de “vaccins” commandés, ainsi que les clauses qui déchargent de leur responsabilité les entreprises pharmaceutiques en cas d’effets secondaires. (Les États membres paieront les éventuelles indemnités et même les frais de justice !)

Or, malgré ses demandes, la Cour des comptes européenne n’a pas pu obtenir communication des documents concernant ces négociations préliminaires ; et les textos échangés à l’époque entre Albert et Ursula ont été effacés… À cela s’ajoute un soupçon de conflit d’influence, le mari de la présidente de la Commission Européenne travaillant pour une entreprise pharmaceutique, elle-même en relations étroites avec Pfizer. Devant la Commission COVI, le député roumain Cristian Terhes a demandé s’il s’agissait de corruption. La question se pose.

Cette affaire, malgré son énormité et l’importance des fonds en jeu, suffira-t-elle à mettre en difficulté Ursula von der Leyen ? Malgré la pugnacité de certains députés courageux, comme la française Virginie Joron (RN), il est peu probable que les institutions européennes, Parlement et Commission, s’entredévorent, en dépit de la mauvaise humeur du premier, trop ouvertement négligé ; mais les opinions des États membres, elles, supporteront-elles encore longtemps d’être mises sous tutelle par une technocratie bruxelloise qui a fait du mépris des peuples une règle de gouvernement ?

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