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Abbé de Tanoüarn

Rédacteur en chef

Entretien avec Jean Raspail

Jean Raspail fait partie de ces romanciers qui n’ont besoin de personne et c’est justement pour cette raison qu’il a attiré à son œuvre quantité de gens, gagnés à sa tentative romanesque. L’écrivain est un monde à lui tout seul et son monde, qu’il a été fixer très loin, en Terre de feu, est devenu une sorte de contrée mythique ou de Terre promise où, comme dans ses romans, règnent, pour quantité de volontaires Patagons, la liberté et l’élégance. EXTRAITS :

Abbé G.d.T : Est-ce que ce dernier livre ne vient pas donner un sens à votre rêve de Patagonie ?  

Ça n’a rien à voir avec la Patagonie, le sujet est plus sévère. Il fallait que ça sorte un jour, c’est tout. Il y avait une part de moi-même qui était à part et que j’ai sortie comme ça. Pour m’expliquer un peu, je dirais qu’avoir l’esprit religieux c’est largement aussi important que d’avoir la foi. C’est l’impression qu’on a : il faut absolument avoir la foi mais… ce n’est pas forcé qu’on l’ait !  

Abbé G.d.T : Mais qu’est-ce que l’esprit religieux ?  

L’esprit religieux est le fait de penser que c’est indispensable d’avoir la foi, même si on ne l’a pas. C’est un peu compliqué ce que je dis mais démerdez-vous avec ça. En fait c’est mon cas, mais ça n’a pas d’importance. J’ai souvent dit que, dans tout homme, il y a une part infime de divin. Je n’ai pas appelé ça la lumière…  

Abbé G.d.T : C’est dans cette perspective religieuse que vous aimez la royauté ?  

Les royautés qui existent encore vont disparaître les unes après les autres pour trente six mille raisons mais pour une raison en particulier : elles ont abandonné toute référence au sacré. Je me rappelle une interview du Prince Charles par Anne Sinclair, qui commençait à lui expliquer, très maladroitement, que la royauté aujourd’hui tenait du folklore. Il s’est levé et il a dit seulement : « Puis-je vous rappeler Madame que dans la Royauté il y a quelque chose de sacré ». Je me suis levé à mon tour et j’ai dit : Merci Monseigneur, et je me suis rassis. Lui aussi, Charles, avait le goût du panache. Il y a le panache royal. Il y a aussi un panache religieux. Pourquoi Dieu ne serait-il pas servi avec panache ? La barbe à la fin ! Je crois que c’est le panache qui doit nous sauver.              

Propos recueillis par l’abbé Guillaume de Tanoüarn

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