« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

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Philippe Pichot-Bravard : "Il faut encore penser contre la Révolution française"

Philippe Pichot-Bravard est docteur en droit, maître de conférences en histoire du droit, directeur d’émission sur Radio Courtoisie. Son livre, La Révolution française, a été couronné du Prix Renaissance des Lettres 2015 remis par le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme. Il a osé revenir sur une bibliographie bien fournie et ajouter un livre à tous les livres qui évoquent la Révolution française. Un livre de plus, après Gaxotte, après Soboul… Mais pas un livre de trop.

Quelle est l’ambiguïté des droits de l’homme ? Demeure-t-elle aujourd’hui ?

Il y a une triple ambiguïté dans la déclaration des droits de l’homme. Premièrement, il existe dans la déclaration une tension entre l’article 2 qui proclame l’existence de droits naturels de l’homme et l’article 6 qui définit la loi comme l’expression de la volonté générale : l’article 6 fait de la volonté de la nation souveraine la source de toute norme juridique; ce faisant, il escamote l’existence d’un ordre naturel supérieur à la volonté du législateur. Or les constituants, de manière volontaire, ont refusé d’établir un organe et une procédure juridique permettant de vérifier que les textes adoptés par le législateur soient réellement respectueux des droits naturels proclamés dans la déclaration. Avec la déclaration des droits de l’homme, la volonté du législateur ne rencontre plus aucune limite, ce qui était l’une des conditions de la régénération révolutionnaire. Deuxièmement, comme l’a montré Edmund Burke, le caractère abstrait des droits de l’homme n’offre aucune garantie. Tout au contraire, la Liberté abstraite s’avérera très rapidement redoutablement dangereuse pour les libertés concrètes. Un exemple, parmi d’autres ? L’article premier proclame que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ». Or, quelques mois plus tard, l’Assemblée constituante ventile les citoyens en quatre catégories censitaires; les citoyens passifs, les citoyens actifs, les citoyens actifs éligibles et les citoyens actifs éligibles à la députation. Les deux-cinquièmes des hommes se voient ainsi privés du droit de vote et les trois-quarts sont exclus de l’éligibilité. Troisièmement, la déclaration des droits de l’homme passe pour porter une conception élevéede l’homme; en réalité, elle exalte l’homme comme individu, mais, en escamotant la nature spirituelle et sociale de cet homme, elle l’appauvrit considérablement. J’invite ici le lecteur à consulter les ouvrages du Pr. Xavier Martin qui a mis en lumière le réductionnisme anthropologique qui découle du matérialisme et de l’individualisme des Lumières. Aujourd’hui, notre système occidental insiste beaucoup sur la promotion de droits de l’homme, abstraits, qui restent soumis à la définition qu’en donnent les institutions, et notamment les cours suprêmes de justice, nationales et supranationales, définition qu’adopte une opinion publique changeante et partiellement mondialisée, que des campagnes de presse peuvent guider aisément. De là d’inévitables inflexions qui permettent de concilier ces droits de l’homme avec de puissants intérêts économiques et idéologiques. Ainsi, la promotion des droits de l’homme coexiste harmonieusement avec le refus catégorique des sociétés contemporaines de protéger la vie des êtres humains depuis la conception jusqu’à la mort naturelle. Comment accorder du crédit à l’idée de droits de l’homme lorsque le premier droit, celui de vivre, est non seulement nié mais combattu afin de satisfaire tout à la fois les revendications idéologiques du féminisme révolutionnaire, les préoccupations malthusiennes des organisations supranationales et les calculs financiers des laboratoires de recherches ?

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Ceci est un extrait de l'entretien paru dans le numéro 908 en vente dans notre espace boutique

Propos recueillis par Guillaume de Tanoüarn

 

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