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Eric Letty

Editorialiste

Responsables et coupables

Les attentats commis à Paris le 13 novembre, les plus sanglants que la capitale ait connus, sont venus démentir cruellement les fanfaronnades du premier ministre, qui, le même jour, proclamait pareillement : « Nous assurons avec beaucoup de force et d’autorité la sécurité des Français et nous en faisons aujourd’hui la démonstration. » Passant d’une extrémité à l’autre, le même Manuel Valls met aujourd’hui les Français en garde contre d’hypothétiques attaques chimiques et bactériologiques… La manière dont ces attentats ont pris de court les autorités françaises, la présence parmi les terroristes de “migrants” venus (ou revenus) de Syrie ou d’islamistes fichés par les services français, la stupeur qui a saisi nos compatriotes, montrent que la France n’est pas prête à cette guerre. Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, voudrait se décharger de la responsabilité de ce carnage sur l’Europe ; mais qui donc a bradé la souveraineté nationale au profit de Bruxelles, sinon la classe politique dont les représentants sont aujourd’hui « aux affaires » ?Depuis des décennies, cette même classe politique a aussi appelé et encouragé l’installation sur notre sol d’une immigration massive, extra-européenne et en grande partie musulmane, qu’elle a invitée à « s’intégrer » (surtout pas à s’assimiler), alors qu’au même moment elle s’employait à gommer l’identité nationale, particulièrement dans sa dimension chrétienne, et rangeait le patriotisme aux greniers de la mémoire, desquels elle exhumait au contraire de quoi nourrir la haine de soi. Les milliers de « Français de papier » qui partent en Syrie faire le djihad, sont l’un des résultats de cette politique suicidaire.Ce n’est pas l’Europe qui a dicté aux politiciens français la diplomatie calamiteuse mise en œuvre au Proche-Orient et au Maghreb par Sarkozy et Juppé d’abord, puis continuée par Hollande et Fabius. Cette politique a consisté à éliminer, ou tenter d’éliminer des dictatures dites “laïques”, au nom des droits de l’homme, alibis d’intérêts plus tangibles, en s’alliant avec des dictatures islamiques comme l’Arabie saoudite et le Qatar. À l’été 2013 encore, Hollande voulait intervenir en Syrie contre les forces de Bachar el-Assad. Aujourd’hui, l’État islamique est devenu le principal ennemi et il faudra s’asseoir à la même table que Bachar pour gagner la guerre. En Libye comme en Syrie, la diplomatie française a fait le jeu des islamistes, originellement grimés en démocrates, et contribué à les armer. C’est à cette aune que se mesure l’effarant orgueil des petits hommes qui nous dirigent. Les « printemps arabes » devaient donner à Sarkozy et à Hollande l’occasion d’entrer dans l’Histoire ; ils en ont fait sortir la France, en la couvrant de ridicule.Pareil bilan est-il suffisant pour que ces petits mecs prétendent faire « l’unité nationale » derrière eux ? Avant même que le sang des victimes des massacres ait séché sur les trottoirs parisiens, les uns et les autres sont déjà revenus à leurs calculs politiciens dans la perspective de la prochaine présidentielle. Ces « valeurs républicaines » sont les seules qui les habitent. Leur république exhale une odeur qui donne la nausée.  

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