« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

La Grande-Bretagne s’est affranchie de l’eurocratie

Ça y est, l’Apocalypse est pour demain. La terre va s’arrêter de tourner, le soleil de briller, toutes les ondes du ciel vont s’abattre sur la tête de Hollande (il en a l’habitude), nous aurons la guerre, la peste, le choléra et le phylloxera et ce sera bien fait pour ces maudits Anglais. Ils n’avaient qu’à pas opter pour le « Brexit ». Les faux prophètes et les oiseaux de malheur, faisant chorus avec les technocrates bruxellois, les lobbyistes de tout poil, les puissances d’argent, les politiques aux ordres et les médias couchés les avaient suffisamment avertis. Il n’était pas jusqu’à leur propre premier ministre, David Cameron, qui brandissait l’épouvantail de conflits européens à venir, dont seule la Commission de Bruxelles, paraît-il, pourrait préserver les peuples européens.Maintenant que le Brexit a gagné, nous allons bien voir à quoi ressemblera finalement cette fameuse Apocalypse. Le premier jour, les marchés sont bousculés et la livre chute. Il y a gros à parier qu’elle se relèvera vite, la Grande-Bretagne, qui n’était pas entrée dans la monnaie unique, jouissant d’une prospérité économique que ses voisins pourraient lui envier, à commencer par la France : le Royaume-Uni bénéficie presque du plein emploi avec un taux de chômage à 5 %, et d’une croissance de 2,3 % en 2015. Emmanuel Macron, bébé-Rothschild, avait eu beau faire les gros yeux aux Anglais en les prévenant que « le jour après la sortie, il n’y [aurait] plus de passeport financier pour les établissements britanniques », ils n’en demeureront pas moins des partenaires incontournables.Les conséquences politiques pourraient être plus intéressantes. Certains annoncent la possibilité d’une implosion de la Grande-Bretagne elle-même, les Ecossais s’en détachant pour rester dans l’Europe. On peut en douter, au vu des résultats du récent référendum en Ecosse, qui avait donné, en septembre 2014, une large victoire aux adversaires de l’indépendance.En revanche, le Brexit fragilise l’Union européenne, qu’une nation choisit pour la première fois de quitter. Il souligne une fois de plus, après les référendums sur la Constitution européenne organisés en 2005 en France et aux Pays-Bas, ou encore celui sur l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine qui a eu lieu en avril dernier également aux Pays-Bas, le rejet par les peuples européens de la technocratie européiste, de ses oukases, de sa soumission aux lobbies de la finance et de son atlantisme confinant à la vassalité, dont la négociation du traité transatlantique fournit une redoutable illustration. Comme l’a dit l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, dont Philippe Carhon rappelle les propos sur le Salon beige, « le vrai problème en Europe, c’est le décrochage des peuples par rapport à la construction européenne ». Les eurocrates ont donc tout lieu de craindre que l’exemple britannique soit suivi.Et si l’Apocalypse qui effraie tant les eurocrates se résumait à la reprise en main par les peuples d’Europe de leurs destins pour reconstruire sur des bases différentes une Europe des nations ?   

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