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Abbé de Tanoüarn

Rédacteur en chef

Une guerre asymétrique

« Comment un Niçois a-t-il pu s’en prendre à d’autres Niçois ? » Cette réflexion d’un journaliste, attrapée au vol sur France info le lendemain du sinistre 14 juillet, indique bien le degré d’inconscience dans lequel se trouve, en même temps qu’une partie de la population, la caste médiatique que l’on appelle un peu vite le quatrième pouvoir.

La plupart des hommes politiques, autointoxiqués par leur propre discours mou, pensent sans doute aussi, non sans orgueil, que l’assimilation se fera toute seule : ces étrangers (Mohamed Lahouaiej-Bouhlel est Tunisien en l’occurrence) ont une chance folle de vivre en France, ils vont spontanément s’intégrer et ne rêvent en tout cas que de cela. La réalité est chaque fois bien différente… Mais nos hommes politiques continuent d’appliquer les recettes à la petite semaine qui ont eu tant d’insuccès depuis 2015. Un attentat à Nice ? Quelques frappes supplémentaires en Syrie (frappes qui, sur l’ordre des Américains, épargnent la plupart des groupes islamistes qui ne sont pas Daesh parce que les États-Unis veulent présenter des islamistes comme des partenaires fiables dans un processus de paix). Autre mesure « virile » ? On fait appel à la réserve civile. On prolonge l’état d’urgence. Cette fois – l’avez-vous remarqué ? – le cérémonial lacrymal n’a pas été théâtralisé. Personne n’a dit : « Je suis Nice ». Il n’y a pas eu de manifestation organisée : c’est les vacances et puis c’est dangereux : imaginez qu’un autre camion vienne briser les barrières de sécurité, comme l’a fait celui-là.Il faut quand même que les politiques réalisent que le monde a changé, que ce qu’ils ont appris à l’ENA est largement périmé, que ce n’est pas la laïcité qu’il faut invoquer, parce que la laïcité, jamais personne n’est mort pour elle. Une mère et ses trois filles viennent d’être agressées à l’arme blanche dans les Alpes Maritimes.  Sans doute n’étaient-elles pas vêtues de tchadors ? En tout cas, l’une des deux fillettes est entre la vie et la mort, simplement parce qu’elle était habillée comme une fillette européenne peut l’être en été. Nous sommes bien dans un choc : civilisation contre civilisation. Ce n’est pas en augmentant les effectifs policiers que l’on parviendra à empêcher ces scènes horribles, qui pourraient bien se généraliser très vite, au point que l’on ne sache plus où donner de la tête.Ainsi ce qui est frappant avec le nouveau monstre en camion c’est qu’il s’est auto-radicalisé très rapidement. Plus besoin pour les nouveaux tueurs de faire le voyage en Syrie ! Certes mohamed a, comme on dit, des antécédents familiaux : son père est un cacique du Parti Ennahda (intégriste) à Meksen (Maroc) et il serait réputé pour sa violence. Mais Mohamed lui n’est pas un observant. Il aime les filles faciles, il consomme de l’alcool et quand il rentre à la maison, il tape dur, il n’a absolument pas le profil d’un intégriste identifiable. Qu’importe ! Il se sera laissé pousser la barbe durant les quinze derniers jours de sa vie et pourra prétendre, grâce à son titre de martyr, au Paradis d’Allah, qui d’ailleurs, comme chacun sait, n’est guère un lieu très spirituel et ressemblerait plutôt à un immense bordel. Pour les âmes simples, rien de compliqué. Il suffit d’y entrer ! Notre Ligne Maginot administrativeJ’avoue que j’ai trouvé, pour une fois, Manuel Valls raisonnable quand il a déclaré : « Nous faisons face à une guerre que le terrorisme nous livre ». Le mot est bien trouvé : « Nous faisons face… ». Nous ne faisons pas la guerre, nous nous contentons d’y faire face. Comme la Ligne Maginot faisait face aux Allemands avec le succès que l’on sait : il leur a suffi de déborder par la Belgique. Eh bien ! Aujourd’hui il y a des millions d’occasions de déborder la Ligne Maginot pour les combattants auto-proclamés de Daesh. Et le nombre de « martyrs » islamistes potentiels se compte aussi en centaines de milliers : il y aurait 10 % de la population musulmane prête à passer à l’acte ou à soutenir un passage à l’acte. Les mesures administratives, si drastiques soient-elles, ne suffiront pas à empêcher que le terrorisme ne devienne le quotidien des Français, comme il est le quotidien des Juifs en Israël. Faut-il s’y résigner ? Ce serait la fin définitive de la civilisation chrétienne et de la paix qu’elle a établie dans le monde. Ni plus, ni moins.Il est donc urgent, pour éviter le pire, de changer de régime : pas forcément de régime politique, nos institutions sont solides. Mais de régime social. Il importe de répondre à la guerre de civilisation non par des mesurettes de technocrate, mais par les mêmes moyens civilisationnels, ce qui signifie reconnaître le grand ratage de l’individualisme soixante-huitard et revenir aux fondamentaux à encourager : la famille, la nation… et Dieu. Je sais bien que l’autorité politique ne peut guère donner une foi absente. Mais elle peut manifester une bienveillance, elle peut proposer la civilisation française dans les écoles, elle peut s’opposer, au nom de la tradition chrétienne, à l’enseignement de la Charia, en interdisant clairement le voile à l’école, en résistant à l’impérialisme civilisationnel de l’islam. Face à cette guerre que le terrorisme nous livre, je ne vois pas d’autre solution que de retrouver la famille, la patrie et, au-delà des contentieux confessionnels, une foi en Dieu, qui jaillit de chacun de nos cœurs. Foi humaine donc, foi christique aussi, qui ne serait pas polluée par une loi communautaire, devenant, dans le contexte social actuel, nécessairement communautariste et violente, imposant le voile aux femmes, l’abstinence d’alcool aux buveurs et pour tous la viande taxée par les imams.    

Abbé G. de Tanoüarn

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