« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Non à l'anti-France

"Qui voit Sein voit sa fin". Ce dicton de marin est sur le point de prendre, pour François Hollande, un accent prophétique. Il n’était guère besoin des trombes pluvieuses qui se sont abattues sur lui lors de sa visite dans l’île bretonne pour que la popularité du président de la République fasse définitivement naufrage ; mais l’on peut y voir un de ces intersignes, qui, en Bretagne, n’augurent rien de bon pour ceux qui les reçoivent. Après un été morose, l’automne s’annonce chaud et la météo n’ y est pour rien. La rentrée s’est ouverte plus tôt que prévu, par une crise du gouvernement, juste avant que l’université d’été du parti socialiste à La Rochelle ne fournisse l’occasion aux « frondeurs » de manifester avec éclat leur opposition à la politique conduite par Manuel Valls avec le soutien de l’Elysée. Et l’image du chef de l’Etat, si l’on peut encore le désigner ainsi, a encore été dégradée par la publication du livre vipérin de son ancienne concubine, qui l’habille pour l’automne et l’hiver en le peignant sous les traits d’un cynique qui méprise son électorat et se moque des pauvres. Vengeance de femme humiliée ? Peut-être, mais les Français ne demandent qu’à la croire, ce qui en dit long sur l’estime qu’ils portent à Hollande. En regard, l’indécente comédie sentimentale dont Nicolas Sarkozy avait donné le spectacle, entre Cécilia et Carla, paraîtrait presque digne. Tel est le tableau de la vie politique française, alors que le nombre des demandeurs d’emploi augmente, que les finances publiques restent dans le rouge et que les Français ont de plus en plus de mal à « joindre les deux bouts » (et le gouvernement annonce pourtant une hausse de la TVA). Dans de telles contingences, les marges de manœuvre du duo Valls-Hollande sont d’autant plus minces que le gouvernement français, prisonnier de son allégeance à l’Union européenne, n’a plus le contrôle de sa monnaie, ni de son économie. Pour donner le change, il reste à Manuel Valls, à l’instant où il confie les clés de Bercy à un ancien banquier d’affaires de chez Rothschild qui symbolise tout ce que l’aile gauche du parti affecte de détester, à brandir un sabre de paille en sommant l’Allemagne de prendre « ses responsabilités ». Il n’est pas sûr que nos voisins, qui bénéficient du plein emploi et dont le budget est redevenu excédentaire, soit très impressionnés par ses agitations. Pour apaiser son opposition interne, Valls ne peut donc agir que sur les sujets de société, qui s’inscrivent dans la suite de la loi légalisant les « ma riages » homosexuels ; c’est pourquoi il était important que Christiane Taubira demeure au gouvernement (elle a déclaré n’y avoir consentiqu’à la supplication de Hollande), et c’est ce qui explique aussi la nomination de Najat Vallaud-Belkacem à l’Education nationale. Non seulement il importe peu que cette nomination soit ressentie par de nombreux Français comme une provocation, mais cette opposition étiquetée « à droite » sera la bienvenue puisqu’elle témoignera qu’a contrario, le gouvernement, lui, reste bien « de gauche ». Pour les mêmes raisons, le premier ministre a clairement annoncé, à La Rochelle, son intention d’ouvrir davantage encore les frontières et la citoyenneté françaises à une immigration dans laquelle il persiste à voir une « chance » pour la France. Ces menaces-là sont plus graves que les choix économiques, car une économie se redresse plus facilement qu’une démographie. Mais il n’est pas sans risque, pour le gouvernement et le chef de l’Etat, d’exaspérer ainsi une large fraction de l’opinion au moment où eux-mêmes sont aussi fragilisés. La manifestation organisée le 5 octobre par la Manif pour tous sera une première réponse et l’occasion d’une nouvelle mobilisation massive pour dire non à l’anti-France

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