Numéro 954 - Format PDF

Tout a été dit sur la geste du colonel Arnaud Beltrame. Il est extraordinaire de mesurer quel retentissement a rencontré ce haut-fait dans le public français et comment – face à la timidité des médias – c’est un prêtre, son aumônier personnel, le Père Jean-Baptiste de l’abbaye de Lagrasse qui a révélé, sans vouloir jouer les reporters d’occasion, les véritables mobiles, les intentions profondes du héros de l’heure. La France était unanime dans la Cour des Invalides pour lui rendre un hommage ému. Paul-Marie Coûteaux diagnostique ici, à l’occasion de cet événement, un retour de l’archaïque, c’est-à-dire de ce qui est fondateur pour la nation France (p. 8-9).Face au colonel, laïc devenu chrétien, voici, en même temps, le chrétien devenu laïc : Emmanuel Macron, celui-là même qui avait demandé le baptême à 12 ans et rencontré à 14 une prof de français chez les jésuites dont il fera la femme de sa vie. Il cultive aujourd’hui ce que Juppé et d’Ormesson appelait « un catholicisme agnostique ».Le Président a rencontré la Conférence des évêques de France avec une solennité tout à fait inhabituelle et un discours de 80 minutes, dans lequel, tout en multipliant les œillades, il prononce cette sentence définitive : Quoniam nominor leo… À moi les responsabilités. À vous les convictions, à la lumière aujourd’hui bien faible de l’idéal commun. Hubert Champrun (p.10), Guillaume Bernard (p.4) et Gabrielle Cluzel (p.30) sont pessimistes pour l’avenir des relations Église/État. Emmanuelle Ménard et l’abbé de Tanoüarn tentent de considérer que le verre que tend Macron aux catholiques n’est pas forcément à moitié vide, qu’il pourrait bien, « en même temps », être à moitié plein, marquant, qu’il le veuille ou non, un renouveau de la France chrétienne.