Numéro 962 - Format Pdf

Interdiction de dépasser les 80 km/heures. Augmentation dissuasive du prix de l’essence.Ces deux mesures concrètes engendrent une colère sourde au sein de la population, dansla France des territoires comme on dit de plus en plus, c’est-à-dire dans la France qui,pour ne pas être celle des métropoles, devient la France périphérique, la France des oubliés.L’actuelle colère du peuple naît à vue de nez de trois facteurs distincts : la misère qui règne deplus en plus dans cette France périphérique avec un chômage structurel ; la désinvolture tou­jours plus apparente du Pouvoir central, dans les réformes territoriales qu’il impose depuisParis ; mais aussi – il ne faut pas sous-évaluer ce dernier facteur –la grande humiliation de ces gens que notre Président appelle élégamment « ceux qui ne sont rien », et pour lesquelson ne fait rien d’autre que leur compliquer la vie. Jean-Frédéric Poisson est le seul hommepolitique qui se soit donné la peine de relever « l’humiliation des Français », dans cetteFrance nouvelle qui n’est pas la France qui les a vus naître.Nous avons choisi pour mesurer cette colère d’interroger plusieurs maires ou élus locaux,outre le très médiatique maire de Béziers, Robert Ménard, le maire de Montrésor, le maire deLa Suze sur Sarthe, et Charles-Henri Jamin, élu à Saumur. Nous avons découvert que leurtémoignage est étrangement convergent : la France est de plus en plus administrée (de Paris)et de moins en moins représentée (sur place). Comme le dit Charles-Henri Jamin, la crisesociale est une crise de l’identité, parce qu’elle est une crise des médiations. Le maire est le dernier qui, visiblement médiateur, continue de tisser le lien social entre ses administrés.Mais ses compétences réelles se réduisent comme peau de chagrin…