« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Abbé de Tanoüarn

Rédacteur en chef

La passion de l'égalité

La réforme Belkacem en préparation, et qui doit être imposée à tous les collèges de France repose sur deux idées simples : il y a trop de matières, cela coûte cher en professeurs ; il faut absolument mutualiser les disciplines et faire en sorte que les profs deviennent le plus polyvalents possible au nom de l’Interdisciplinarité, c’est-à-dire de cours qui seront comme des activités d’éveil, « animés » par plusieurs professeurs à la fois. La loi René Haby, imposée aux collèges en 1975 et prescrivant le collège unique à tous les enfants entre 11 et 15 ans, semble un peu la source de tous les malheurs éducatifs que nous connaissons, parce qu’elle ne permet pas aux jeunes de s’orienter dans la vie avant l’âge de 15 ans (16 ans aujourd’hui avec le « tronc commun » jusqu’à la Seconde). La réforme drastique de l’enseignement des collèges, proposée par l’administration Belkacem, risque, elle, d’avoir des conséquences irréversibles sur la culture française. Pour la première fois on change fondamentalement les programmes. On a pourtant plus que jamais besoin d’une culture qui unifierait les Français entre eux et permettrait l’assimilation de populations allogènes ? Qu’importe ! Au nom des économies, au nom d’une sorte de haine de l’humanisme soi-disant facteur de sélection, on envoie par dessus les moulins les professeurs supplémentaires, les professeurs chers parce que diplômés : plus de latin, plus de grec, nous le disions déjà dans lenuméro 907. Plus d’allemand. Plus de classes européennes ou de classes bilingues. Toutes ces matières coûtent cher et elles servent de repères aux « bons élèves », elles représentent donc une offense à l’égalité, une sélection cachée des meilleurs. C’est intolérable pour les idéologues de l’Ednat. Mais cette fois, au moins faut-il l’espérer, la ficelle est trop grosse. Le voleur chinois n’a pas eu la patience d’attendre son heure. Et beaucoup de gens de droite (Alain Finkielkraut inévitable sur ce sujet) mais aussi beaucoup de gens de gauche (Régis Debray, Pascal Brukner, Michel Zink, président de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, auquel Belkacem avait demandé aide et soutien pour mieux enterrer le latin) élèvent la voix. Perdant soudain son flegme et peut-être encouragée par le soutien bruyant que lui prodigue en toute occasion Manuel Valls, Nadjat s’est retournée contre ses critiques en les traitant de « pseudos-intellectuels ». Tous ces gens qui justement n’ont que ce statut pour briller, n’ont pas aimé, mais alors pas du tout… Ils sont bien décidés – au moins en apparence –à ne pas se payer de quelques mots gentils de la Ministre, en exercice de déni permanent. Jack Lang est intervenu aussi. Avec force : « Je serais ministre, je prendrais ma plume après avoir lu attentivement les programmes et je les réécrirais ». On est heureux d’apprendre que Jack Lang se sert encore d’une plume. Au moins n’a-t-il pas tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant dedonner son avis : il a mis le doigt où le bât blesse : « Ce n’est pas en décapitant le meilleur que l’on peut construire une école de l’égalité ». C’est bien la passion de l’égalité, « l’âme de la France » comme disait imprudemment François Hollande en préface à ses Soixante propositions de gouvernement, qui risque de déculturer définitivement nos enfants. En effet ce que l’on n’a pas appris à 15 ans, on ne l’apprendra jamais correctement plus tard.

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