« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Les vieux idéologues contre la France jeune

«Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » : c’est ainsi que se terminaient les contes du temps jadis. Le temps des épreuves ayant pris fin, l’avenir radieux qui s’ouvrait devant les héros prenait la forme du bonheur conjugal et familial. Les gamins auxquels on les lit aujourd’hui doivent se demander de quoi on leur parle. Sauf dans certains milieux obscurantistes ou dans les familles immigrées, avoir « beaucoup d’enfants » n’est plus considéré comme une bénédiction, mais comme une aberration, une entrave à la carrière des femmes rendant les couples qui le choisissent suspects de déroger au sociologiquement correct. Certes, Marisol Touraine, au moment même où elle pervertit la philosophie de la politique familiale en la réduisant à une aide sociale (dont les familles seront redevables à l’Etat-Providence) alors qu’elle participait jusqu’ici d’une logique de compensation, a le front d’affirmer que le gouvernement aime la famille – de préférence au pluriel, comme le précisait son ex-collègue Dominique Bertinotti… Mais en réalité, leur idéologie et leur mode de vie conduisent ces gens-là à vomir tout ce que représente la famille française traditionnelle, celle qui a massivement défilé dans les rues à l’appel de la Manif pour tous et qui continue de s’opposer seule à leur politique destructrice, avec l’appui de quelques élus (mais sans celui des partis) et le soutien de certains évêques, (mais lâchée par la commission épiscopale). Ils ne diffèrent guère, au fond, des vieux enfants gâtés-gâteux boboïsés de Charlie-Hebdo, qui ont récemment pondu un numéro spécial intitulé « Pour enfinir avec la famille », dans lequel s’étalent complaisamment tous les poncifs, les clichés et les complexes entretenus sur ce thème par les éternels frustrés existentiels que sont ces épaves de Soixante-huit. En regardant ces politiciens de hasard, naufragés volontaires familiaux à l’exemple du président qui les conduit, préparer leurs coups tordus en les fardant de motifs généreux, il me semble entendre la grande voix de Bernanos dénoncer leur hypocrisie décrépite: « Quand le vieux, de son doigt levé, déchaîne un millier de dactylographes et que la paix du monde va sortir de ces mécaniques, l’on voit entrer une petite fille moqueuse et tendre, qui n’appartient à personne, et répond d’une voix douce aux théologiens politiques, avec des sentences et des proverbes… ». C’est cette « petite France si fraîche » qu’ils poursuivent de leur haine recuite de barbons en s’en prenant aux familles pour tenter de lui voler sa jeunesse, son avenir et son âme. La France, d’ailleurs, ne leur sert même plus de référence, évincée par la République et la laïcité. À l’assaut contre l’institution familiale, visant à en ruiner le principe, succède l’attaque matérielle, qui en nie l’utilité sociale et suggère qu’elle n’est pas une chance, mais un poids pour la société, comme la maternité est un boulet et le mariage un tue-l’amour. Et la contrainte légale, l’incitation fiscale, deviennent entre les mains du pouvoir autant de leviers de libération contre l’aliénation familiale… Au reste, sont essentiellement visées les familles des classes moyennes, majoritairement de « souche » française. Coup double: à l’espoir de voir se désintégrer la société traditionnelle, s’ajoute celui de parvenir à la disparition du peuple français englouti dans l’immigration de masse, qui continuera, elle, à bénéficier d’une politique familiale inventée à l’origine pour soutenir la natalité française. Et tandis que se mettra en place le remplacement de population, nos politiques continueront à tenir des discours triomphalistes sur la démographie française qui se porte si bien…

Connexion ou Créer un compte