« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

La politique d'en même temps

Macronisme ambiant oblige, je souhaite une bonne année « et en même temps » une bonne santé à tous les lecteurs de Monde&Vie. Je précise toutefois qu’à la différence de la formule présidentielle, désormais aussi emblématique d’Emmanuel Macron que sa politique, ces vœux ne cultivent aucun paradoxe, la bonne année et la bonne santée n’étant pas exclusives l’une de l’autre.
À l’inverse, quand le président-communicateur crie vive l’Europe «… et en même temps » vive la France, comme il l’a fait en adressant ses propres vœux aux Français, à la presse ou au corps diplomatique, tout est à craindre soit pour l’Europe, soit pour la France, et sans doute même pour l’une et l’autre.
Ainsi Macron déclare-t-il que « nous avons besoin (…) de retrouver une Europe plus souveraine, plus unie, plus démocratique parce que c’est bon pour notre peuple »…
et en même temps, que « l’année 2018 sera à ses yeux celle de la cohésion de la Nation », avec une majuscule, s’il vous plaît ! Il appelle même les Français à la mobilisation : « Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays et au-delà de votre quotidien, de votre vie, parfois de ses difficultés, dites-vous toujours que vous appartenez à un collectif plus fort, plus grand que vous : la Nation française. » Fermez le ban ! C’est beau, c’est grand, c’est généreux, la France ! Il me semble avoir déjà entendu ça quelque part…
Après tout, si l’on décidait d’y croire ? Si l’on se prenait à espérer qu’une Europe « elle aussi plus forte » puisse, comme dit le président-Jupiter, être « bonne pour la France » ?… Et en même temps, comment ne pas en douter, lorsque Macron entend brader ce qui reste de l’indépendance française au bénéfice de l’Union européenne, « souveraine, unie et démocratique » ?
De même, il affirme croire à la « cohésion de la Nation »… et en même temps, sa politique fiscale dresse les Français les uns contre les autres, les actifs contre les retraités (et vice-versa), accable d’impôts les classes moyennes et la France dite périphérique – notamment par l’augmentation des taxes sur les carburants et le gaz. Il constate aussi que « jamais nous n’avons réussi à construire la paix dans un pays tiers, en substitution d’un peuple contre un peuple »… et en même temps, approuve – aux côtés d’Angela Merkel qui a ouvert les portes de l’Europe au nouveau déferlement d’immigration – les sanctions dont les technocrates bruxellois et les lobbyistes prétendent frapper les peuples de l’est du continent, Polonais, Hongrois et Tchèques, coupables de ne pas vouloir se laisser submerger par le “grand remplacement”. Il prétend que l’Europe souveraine protègera les pays européens du « dumping pratiqué par certains États » (en français : de la concurrence déloyale), en citant « nos amis américains, nos amis indiens, nos amis chinois »… et en même temps, il dit « non au protectionnisme »… mais, « oui à la juste protection »… et en même temps, il s’est bien gardé de remettre en cause le calamiteux traité de libre-échange conclu en notre nom par la Commission européenne avec le Canada… tout en faisant savoir qu’il n’y était pour rien, puisque ledit traité avait été signé avant son élection… sauf qu’en même temps, rappelez-moi donc qui était ministre des finances dans le précédent gouvernement ?
Quasiment royal, il déclare vouloir associer « nos peuples », interroger « nos peuples », sur le projet européen ; ce pourrait être une bonne intention pour la nouvelle année… mais en même temps, que connaît-il des peuples ?

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