« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Le grand débat

Les élections européennes se profilent déjà sur l’horizon politique et les premiers sondages publiés ont de quoi inquiéter Emmanuel Macron, dont le parti serait au coude à coude avec le Rassemblement national de Marine Le Pen. Ces tendances montrent qu’une partie des Français a compris la nature de la confrontation en cours, que n’avait pas su définir la présidente de l’ex-Front national lors du débat entre les deux candidats avant le deuxième tour de la présidentielle. Il est remarquable que celle-ci, dont l’avenir politique paraissait alors très compromis, n’ait même pas besoin de s’exprimer pour capter un cinquième des intentions de vote. Les autres partis d’opposition sont loin derrière ; ce n’est pas un hasard. Les opinions se radicalisent, entre les tenants du mondialisme et ceux de la nation.Emmanuel Macron pose bien les enjeux, lorsqu’il déclare combattre les« nationalistes ». Le choix des mots n’est pas innocent et le « nationalisme », associé depuis des décennies au nazisme qui n’en était pourtant pas un, n’a pas bonne presse. Certains adversaires du mondialisme, au moins en France, lui préfèrent le terme de « populisme », mais l’idée de nation est supérieure à celle de peuple. Il existe en effet des peuples inorganisés, et d’autres nomades. La nation, au contraire, c’est le peuple organisé sur son sol – la patrie, terre des pères– indissociable des notions d’héritage, de patrimoine et de culture. Elle peut d’ailleurs assembler plusieurs peuples, chacun enraciné sur une partie du territoire national. Ainsi, la France n’est pas, comme le prétendait Mirabeau, « un agrégat inconstitué de peuples désunis »(définition reprise depuis par Eric Besson, le ministre de “l’identité nationale” de Nicolas Sarkozy), mais une constitution de peuples réunis (Corses, Provençaux, Bourguignons, Bretons, Flamands, etc.)Au-delà de ces considérations, l’enjeu oppose aujourd’hui les défenseurs des nations aux partisans du mondialisme, dont Emmanuel Macron s’est fait le héraut, comme il l’a de nouveau montré aux Nations-Unies en opposant le « multilatéralisme » à l’« unilatéralisme ». Et en même temps – pour reprendre son expression favorite – il prétend croire « à la souveraineté des peuples ». Rien ne le manifeste. Toute son action montre, au contraire, qu’il sert les intérêts de l’élite mondialisée, à laquelle était consacré le précédent numéro de Monde&Vie et dont il fait partie. Si le parti de Marine Le Pen fait(pour l’instant) jeu égal avec La République en marche dans la perspective des élections européennes du mois de mai prochain, c’est parce qu’une partie de plus en plus large du peuple français refuse les conséquences de cette mondialisation – et en premier lieu l’immigration de masse, qui menace le peuple français de submersion et la nation d’implosion, à tel point que l’ex-ministre de l’intérieur d’Emmanuel Macron a avoue redouter un « fac e à face » entre les populations, françaises ou exogènes, qui habitent aujourd’hui en France. Le même réflexe de survie se développe partout à travers l’Europe : en Hongrie – où l’éternel dissident Viktor Orban oppose au nouveau totalitarisme libéral-mondialiste la même résistance qu’à l’ancien totalitarisme communiste –, en Pologne, en Tchéquie, en Autriche, en Italie et même en Allemagne.Lors des élections européennes, Emmanuel Macron et la République en Marche d’un côté, Marine Le Pen et son Rassemblement national de l’autre, apparaîtront respectivement comme les champions du mondialisme et de la nation. Faute d’avoir pris conscience de cet enjeu fondamental, les autres partis, des prétendus "insoumis" de Mélenchon aux Républicains de Wauquiez sont, d’ores et déjà, hors-jeu.

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