« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Macron, de l’utopie au totalitarisme

Les élections européennes se dérouleront le 26 mai 2019. Trente-deux mois plus tôt, le 26 septembre2017, Emmanuel Macron, à l’orée de son quinquennat, avait prononcé à la Sorbonne un de ces discours fleuves qu’il affectionne. Il y exposait son projet eurocratique, qui est la grande ambition de sa présidence, et anticipait le rendez-vous électoral : « surtout n’ayons pas peur d’avoir, pour les élections de 2019, un débat européen ! Et j’entends déjà toutes celles et ceux, frileux, qui se sont habitués à l’idée que les élections européennes, ce serait uniquement un agrégat de débats nationaux (…). Alimentons les élections européennes d’un projet et voyons qui est pour et qui est contre ! », disait-il.C’était avant l’affaire Benalla et avant les Gilets jaunes. La politique conduite par Macron et la brutalité avec laquelle il l’a imposée font aujourd’hui obstacle à son voeu. Cette fois encore, l’élection sera dominée par les enjeux nationaux – et il en est le premier responsable. Le débat mérite pourtant d’être engagé car les choix politiques du président découlent en grande partie de l’utopie européiste et mondialiste à laquelle il croit, comme le montre le discours de la Sorbonne. En idéologue progressiste, Macron est convaincu qu’il existe un « sens de l’histoire », dans lequel s’inscrit l’intégration européenne, c’est-à-dire l’effacement des souverainetés nationales et l’émergence d’une nation européenne. L’Europe, dit-il, est « une idée portée depuis des siècles par des pionniers, des optimistes, des visionnaires ».Dans son esprit, il s’agit d’une étape vers la mondialisation, qui terminera l’histoire. C’est ce qui ressort de son intervention du 25 septembre 2018 aux Nations-Unies, où il opposait aux prétendus égoïsmes nationaux les promesses du multilatéralisme, facteur de paix. Dans ces deux discours, celui de septembre 2017 sur l’Europe et celui de septembre 2018 sur le monde, il dénonce« la voie du repli national », qui « serait un naufrage collectif »et conduirait « à la confrontation généralisée de tous contre tous, au détriment de chacun ».Sans hésiter à jouer sur les peurs – ce qu’il reproche pourtant à ses adversaires –il définit son camp comme celui du Bien, opposé au camp du Mal, celui du« nationalisme », de « l’identitarisme », du« protectionnisme », du « souverainisme de repli », qu’il assimile au mensonge(voire, en novembre dernier, à une« lèpre ») diffusé par des esprits haineux qui déguisent « sous des habits neufs »leurs conceptions archaïques et funestes.Ce type est dangereux. Son utopie le pousse à la fois à préparer la destruction de la nation, avec le traité d’Aix-La-Chapelle, et à vouloir recomposer l’Europe tout seul, malgré les rebuffades allemandes et tout en insultant les Italiens, les Polonais, les Hongrois – « à l’abri des peuples », et même contre les peuples, à l’inverse de ce qu’il annonçait à la Sorbonne. Il est dangereux comme tous ceux qui veulent imposer aux autres leur propre idéal de bonheur sur terre, avec une ferveur quasi-religieuse, une folie mystique. Comme tous les Robespierre, il porte en lui, comme on le voit à de multiples signes depuis deux ans, le germe du totalitarisme. C’est pourquoi il importe que la liste macroniste n’arrive pas en tête aux élections européennes. Cet unique objectif doit orienter les votes vers la liste la mieux placée pour faire barrage à ce totalitarisme En marche.

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