« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Un objectif : contrer Macron

La fin de ce mois de mai sera marqué dans notre pays par les élections européennes, qui verront s’affronter deux conceptions de la France et de l’Europe : d’une part, celle d’une Europe globale, supranationale et eurocratique, défendue par la liste du parti En Marche, c’est-à-dire par Emmanuel Macron ; de l’autre, celle d’une Europe des nations, conception notamment défendue par la liste du Rassemblement national emmenée par Jordan Bardella. Un troisième concurrent est en lice, que les sondages placent loin derrière les deux premiers : la liste des Républicains, conduite par François-Xavier Bellamy. Le choix de ce dernier est destiné à rallier au parti de Laurent Wauquiez une partie de l’électorat conservateur sensible aux sujets dits« sociétaux », qui recouvrent en réalité des choix de civilisation.Répétons-le, la confrontation principale oppose les souverainistes aux eurocrates. Dans cette configuration, la présence de Bellamy est pour le moins ambiguë. Les Républicains, qui l’ont placé à leur tête, se sont toujours prononcés en faveur de l’eurocratie bruxelloise. Il faudrait avoir la mémoire courte pour oublier la manière dont Nicolas Sarkozy a contourné le refus des Français au projet de Constitution européenne, en faisant ratifier par le Congrès le traité de Lisbonne. Laurent Wauquiez était alors secrétaire d’État et porte-parole du gouvernement : je ne me souviens pas qu’il ait protesté, encore moins démissionné. Il était au contraire en parfait accord avec la politique de Sarkozy. Les positions adoptées par Les Républicains au Parlement européen ont d’ailleurs toujours correspondu à ce qu’attendaient les eurocrates. À cet égard au moins, il n’est pas surprenant que Bellamy se soit déclaré plus proche d’Emmanuel Macron que de Marine Le Pen.Aucune des trente et unes autres listes n’atteint le palier de 10 % des suffrages exprimés, mais elles attireront des voix qui manqueront à l’une ou l’autre des deux premières formations, dont les scores devraient être voisins. C’est en particulier le cas de la liste de Nicolas Dupont-Aignan, qui s’est affaibli en pratiquant une politique d’exclusion alors qu’il s’était d’abord présenté comme le candidat de l’union des droites.La grande confrontation opposera donc, à travers le Rassemblement national, d’une part, et la République en Marche, de l’autre, les partisans de la nation aux tenants du mondialisme. Le choix est simple et il n’y a pas à hésiter. L’idéologie progressiste de l’actuel chef de l’Etat, qui s’appuie essentiellement sur l’utopie d’une Europe« fédérale » et supranationale, est d’autant plus dangereuse pour la France qu’elle ne rencontre, dans le reste de l’Europe, aucun écho : ni à l’Est, où la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie s’y opposent, ni en Italie, ni même en Allemagne, où Angela Merkel elle-même vient d’évoquer les « relations conflictuelles »qu’elle entretient avec Macron. Le moins que l’on puisse dire est que le « couple franco-allemand » se porte mal. C’est pourtant autour de lui que le président français compte pour construire son Europe idéale et sans racines. C’est sur lui aussi qu’il fonde ses ambitions personnelles – avec l’espoir de devenir un jour le premier président du machin. Et c’est aussi dans cette perspective qu’il a ratifié au mois de janvier, à Aix-la-Chapelle, le traité « de coopération et d’intégration franco-allemande ». Le 26 mai, face au parti de la trahison, quelle que soit l’amitié que peuvent nous inspirer telle ou telle petite liste (je pense notamment à celle de l’Alliance royale), les voix des Français conscients de l’enjeu ne devront pas s’éparpiller, ni se perdre en accroissant le nombre des abstentionnistes. Il faut voter pour l’efficacité, qui, aujourd’hui, porte le nom de Jordan Bardella.

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