« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

La ligne rouge

Une fois de plus, la question de l’immigration et celle de l’islam en France s’imposent dans l’espace médiatique et politique, suscitant la polémique et la cacophonie. Récapitulons : premier acte, en septembre, Emmanuel Macron opère un revirement sur la question migratoire pour tenter de conquérir, dans la perspective de 2022, une partie de l’électorat qui pourrait être tentée par un autre vote… Oublié, le pacte de Marrakech auquel la France a souscrit en janvier dernier ! Pour convaincre le « peuple » qu’il n’est pas le champion des gagnants de la mondialisation, il adresse aux députés de sa majorité des paroles fortes : « La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas. Les bourgeois n’ont pas de problèmes avec ça[l’immigration]: ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec. »Georges Marchais, sors de ce corps ! Acte deux : fin septembre, lors de la convention de la droite, un discours d’Éric Zemmour, dans lequel il dénonce la« colonisation » et l’« islamisation » de la France, déclenche une polémique qui lui vaut de perdre plusieurs de ses tribunes habituelles. Même la Société des journalistes du Figaro demande sa tête, avec un souci confraternel de la liberté d’expression. Malheureusement, une chaîne nauséabonde, Cnews, recueille le paria et connaît un record d’audimat. Apparemment, Zemmour intéresse encore les Français…Acte trois : le 3 octobre, un policier converti à l’islam et « radicalisé », mais travaillant à la direction du renseignement, assassine quatre de ses collègues dans l’enceinte de la préfecturede police de Paris. Le ministre de l’Intérieur ment en affirmant que son comportement n’avait jamais donné « le moindre signe d’alerte ». Castaner est toujours en poste…Acte quatre : le 11 octobre, à Dijon, au Conseil régional de Bourgogne, le conseiller RN Julien Odoul exige qu’une musulmane accompagnant une sortie scolaire retire son voile islamique, au nom des « principes laïcs ».Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, le désavoue par automatisme, mais déclare lui-même que « le voile n’est pas souhaitable dans notre société ». Le député LREM Aurélien Taché déplore que ces propos puissent être « récupérés » par le parti lepéniste ; sur quoi, Blanquer demande des sanctions contre Taché, tandis qu’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, se dit « mal à l’aise », carla phrase de son collègue à l’Éducation nationale pourrait « stigmatiser une religion ».Aurore Bergé, porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée, se déclare alors prête à voter une proposition de loi interdisant le port du voile lors des sorties scolaires si l’opposition en dépose, suscitant l’ire de ses collègues en marche. Le mot qui vient à l’esprit pour résumer la situation est synonyme de bazar et commence par la même lettre. Acte cinq : Macron condamne « l’amalgame » entre « les questions d’immigration, de radicalisation, de communautarisme et de laïcité », qui, selon lui,« conduirait à la guerre civile » ; comme le dit Zemmour... ? Le président fustige pourtant le “républicain” Xavier Bertrand, coupable d’avoir parlé de « guerre de civilisation »(nuance !) et déclare qu’« une ligne jaune a été franchie par certains leaders de l’opposition ». Il s’agirait plutôt d’une ligne rouge passée depuis longtemps par les dirigeants mondialistes, qui ont développé une politique contre les peuples dont nous subissons les résultats incohérents. Quand le président de la République “indivisible” évoque lui-même la guerre civile et que l’on n’est plus à l’abri devoir un jour prochain la Seine-Saint-Denis faire sécession – Saint-Denis, où étaient enterrés nos souverains et conservé l’oriflamme des rois de France ! – je doute qu’il suffise, pour conjurer le danger, de s’abriter derrière les « principes de la laïcité ».

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