Eric Letty
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Noël en France, Noël marial
Ce qui est constant dans l’antichristianisme, c’est sa bêtise. J’ai failli écrire sa puérilité, mais les enfants ne méritent pas cette injure, eux qui sont plus ouverts à l’amour de Jésus que les prétendus sages de ce monde. Une fois de plus, les militants de l’athéisme trouvent à l’approche de Noël l’occasion d’exprimer leur détestation du Christ. Les adeptes de la soi-disant Libre Pensée persécutent devant les tribunaux les élus qui autorisent ou promeuvent – comme Robert Ménard à Béziers – la présentation de crèches traditionnelles dans l’espace public. En marge de la procession de Notre-Dame des Neiges, en Ardèche, des anarchistes manifestent, au nom d’une conception très laïciste de l’écologie, leur opposition à la construction d’une église (on les entend moins lorsqu’il s’agit d’une mosquée…). À Toulouse, une cinquantaine de nervis d’extrême gauche s’en prennent à une crèche vivante animée par des enfants, avec unetelle agressivité que le spectacle doit être suspendu – à la grande déception des petits, effrayés. Comment s’en étonner, puisqu’au mois d’octobre dernier, un membre du gouvernement– Marlène Schiappa– approuvait publiquement, sur les réseaux sociaux, le message d’un excité traitant les opposants à la PMA sans père de « conglomérat de sous-m…, pas même bonnes à faire pousser des champignons »?Quand les encouragements viennent du gouvernement, comment s’étonner de ces violences, dans une France poussée à oublier ses racines chrétiennes? Ce ne sont pourtant pas ces “dérapages” – comme on dit en d’autres occasions – qui empêcheront les chrétiens de fêter Noël. Contre les fumées idéologiques, s’impose l’Incarnation du Verbe de Dieu, quand le créateur de toutes choses devient un nourrisson couché dans une mangeoire. Cette seule image, si fraîche et joyeuse, suffit à conjurer les égarements de notre “post-modernité”. Il faut, pour l’évoquer, une inspiration féminine – nonobstant la théorie du genre : « C’est toi, Jésus, la Fleur à peine éclose.Je te contemple à ton premier éveil ;C’est toi, Jésus, la ravissante rose,Le frais bouton, gracieux et vermeil.Les bras si purs de ta Mère chérieForment pour toi : berceau, trône royal.Ton doux soleil, c’est le sein de Marie, Et ta rosée est le lait virginal. »La « petite » Thérèse de l’Enfant-Jésus n’est pas seulement une grande sainte, un docteur de l’Église, c’est aussi une poétesse. La fête de la naissance de Jésus est aussi, de facto, une fête de sa Mère. Un numéro spécial de Valeurs Actuelles (auquel l’abbé de Tanoüarn et moi-même avons collaboré), consacré aux« mystères de Marie », évoque la très ancienne royauté de la Sainte Vierge sur la France. Dès 813, Charlemagne fait de son Assomption une fête d’obligation dans tout son empire. En 1478,à Notre-Dame de Boulogne, Louis XI reconnaît solennellement la Mère de Dieu comme« suzeraine des rois de France ». Et en 1638,Louis XIII consacre à Marie sa personne, son royaume et ses sujets, pour la remercier des victoires remportées sur les Espagnols – à l’époque, les Français pensèrent, non sans raison, qu’il y avait lieu de la remercier aussi dela naissance longtemps attendue d’un dauphin, le futur Louis XIV.En 1922, enfin, le pape Pie XI, en déclarant Notre-Dame de l’Assomption patronne principale de notre pays, a confirmé : « Il est certain, selon un ancien adage, que le “royaume de France” a été appelé le “royaume de Marie”, et cela à juste titre. »La Révolution apu faire choir la couronne temporelle de la tête du roi Louis XVI, mais elle est impuissante à abolir cette royauté céleste, comme l’ont montré les nombreuses apparitions de la Sainte Vierge en France depuis le XIXe siècle et les grâces qu’elle y a répandues. Devant nos crèches, en ce nouvel anniversaire de la naissance du Sauveur, nous pouvons donc lui confier avec espoir notre patrie. Joyeux Noël à tous nos lecteurs !