Eric Letty
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Combat pour la cité
Le coronavirus menace de nouveau la France, paraît-il. Réelle ou imaginaire, cette « deuxième vague » est bien pratique pour détourner l’attention des Français de ce que combine la macronie, concernant par exemple la calamiteuse loi dite de « bioéthique »par une subversion du sens de ce mot. Le nouveau premier ministre, Jean Castex, a profité de la période estivale pour faire adopter hâtivement le nouveau texte par l’Assemblée nationale en deuxième lecture, en prolongeant à cette fin la session parlementaire.Comme l’a souligné au Palais Bourbon Emmanuelle Ménard (seul député non inscrit à avoir voté contre…), ce projet de loi crée une rupture anthropologique profonde. De nouveaux pas importants sont accomplis vers la destruction de la famille, par l’effacement du père et la modification de la filiation, et vers le transhumanisme, par l’autoconservation des ovocytes, l’autorisation de créer des embryons transgéniques ou chimériques, ou la facilitation de la recherche sur les embryons – entre autres. Un amendement déposé par les socialistes et adopté autorise aussi l’avortement jusqu’à la veille de l’accouchement, en cas de « détresse psychosociale » ; autrement dit, sans restriction.Le gouvernement a simulé la modération en s’opposant à quelques mesures encore plus extrêmes, mais la voie est ouverte, à brève échéance vers la pratique des mères porteuses, puis, à plus ou moins long terme, vers la production d’êtres humains dans des utérus artificiels, avec la perspective de réduire l’homme à un produit industriel et de créer, par le biais des manipulations génétiques, du tri embryonnaire et de l’eugénisme, une humanité à la carte et un nouvel esclavage – risque contre lequel le pape Benoît XVI mettait déjà en garde en 2005, dans son livre Voici quel est notre Dieu.Contre les promoteurs du « Meilleur des mondes »,il nous incombe de défendre la Cité chrétienne, avec la seule alternative de gagner ou tout perdre. Les forces adverses s’appuient sur la science et les technologies les plus innovantes, sur des puissances financières gigantesques, sur les “élites” mondialisées, sur des gouvernements serviles et, par-dessus tout, sur la tentation originelle : « vous serez comme des dieux ». La nouvelle barbarie porte la griffe de Lucifer. Mais comme le disait Charles Maurras, « tout désespoir en politique est une sottise absolue »:quand il faut défendre la cité et la civilisation contre un péril mortel, les états d’âme sont superflus et les renoncements, suicidaires. D’ailleurs, cette guerre est mondiale et il existe aussi des forces de résistance politiques non négligeables, incarnées par exemple par Trump aux États-Unis ou Poutine en Russie.Surtout, au-delà des forces humaines, nous pouvons nous fier à la Providence. In fine, le mal sera vaincu, mais d’ici-là les dégâts humains et spirituels peuvent être colossaux. Sans attendre une Apocalypse, c’est ici et maintenant que Dieu nous confie sa création et nous appelle à l’espérance. Comme nous le rappelle Jeanne d’Arc, Il donne la victoire à ceux qui bataillent.Cette bataille, le pouvoir espère l’éviter, après le vote du projet de loi pendant les vacances d’été, en comptant sur l’“effet-cliquet” pour décourager les oppositions. Sans doute invoquera-t-il aussi l’épidémie de coronavirus pour interdire les manifestations massives à la rentrée. Mais l’on a récemment vu des manifestants braver l’interdiction de se rassembler pour des motifs bien moins violents que ce projet de loi. Et le fameux cliquet n’existe que dans l’imaginaire de ses victimes. La force des progressistes vient de ce qu’ils n’abandonnent jamais une lutte commencée, à l’inverse des conservateurs qui finissent toujours, par facilité et goût du confort intellectuel, par conserver même l’intolérable.« Nous ne lâcherons rien », criaient les participants à la Manif pour tous contre la loi Taubira. Ne lâchons donc rien, ni sur la destruction de la famille, ni sur la PMA sans père, ni sur la légalisation du mariage homosexuel, ni sur celle de l’avortement, première atteinte à l’ordre naturel. On ne fait pas la guerre à moitié.