« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Pâques contre le Meilleur des mondes

Le Christ est ressuscité ! Sa passion et sa résurrection nous libèrent de la faute originelle, par Lui, nous pouvons avoir part à la Miséricorde de Dieu ; le nouvel Adam et la nouvelle Eve, la Vierge Marie, restaurent notre humanité tout entière. Nos lecteurs s’étonneront donc peut-être qu’en ce temps pascal, nous ayons choisi de traiter de la mise en place d’un « Meilleur des mondes » qui ressemble de très près à celui décrit en 1932 par Aldous Huxley, qui nous replonge au coeur du péché et de la première faute, celle par laquelle, en mangeant du fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, l’homme a voulu se faire Dieu. Les projets actuels de re-création d’une humanité nouvelle, qui reposent sur une philosophie eugéniste et matérialiste, nous reconduisent à ce commencement. Jamais sans doute la révolte contre Dieu, la négation de sa loi, le mépris de son héritage n’ont été plus grand depuis les jours de la passion.

C’est justement dans ce genre de situation, quand tout paraît, sinon perdu, en tout cas bien mal engagé, que Dieu triomphe. C’est ce qui nous sépare, nous catholiques, des pessimistes annonciateurs du déclin irrémédiable, qui ont, à vue d’homme, quelques raisons de perdre l’espoir. L’espérance est une vertu de chez nous.

J’ai eu le bonheur d’écrire, avec mon ami Guillaume de Prémare et sous la direction éclairée et éclairante de Michel de Vriange, un court essai qui dresse un bilan hélas très provisoire de la mise en place du monde futur que l’on nous prépare, en exposant ses principaux projets et méthodes: la destruction de la famille, des nations, des corps intermédiaires; le déracinement de l’homme poussé jusqu’à la négation de son identité sexuée ; l’hégémonie intellectuelle, médiatique, culturelle et politique de la pensée unique ; le mépris de la vie humaine ; les menaces que le transhumanisme, à la faveur des progrès scientifiques et techniques et financé par les plus grandes fortunes mondiales, fait peser sur l’espèce humaine elle-même. Ajoutons à cela les effets destructeurs de la mondialisation, dont les migrations massives ne sont qu’un exemple, et la déchristianisation qui frappe les vieilles nations chrétiennes comme la nôtre, comment en vouloir aux pessimistes, ou même ne pas les comprendre ?

Pourtant il existe des raisons d’avoir confiance. Les architectes du Meilleur des mondes n’ont pas tous les atouts en main, ne serait-ce que parce que la bataille, justement, est planétaire. Or, le nouvel ordre mondial s’appuie principalement sur l’hégémonie américaine. Sans parler de la Russie (la détestation dont fait l’objet Vladimir Poutine dans nos médias n’y est sans doute pas étrangère), il existe, même au sein de l’Union européenne, des pays qui résistent aux oukazes des tenants du mondialisme, comme le président hongrois, Victor Orban. Les résistances viennent aussi de certains pays pauvres, qui subissent des pressions pour se plier aux exigences des puissantes ONG liées à l’ONU – comme le Planning familial international – en matière de contrôle des naissances. L’Eglise, enfin, veille comme une mère sur ses enfants.

Cette lutte a en effet une dimension spirituelle. Face au projet luciférien que constitue le Meilleur des mondes, nous savons que nous pouvons compter sur la Providence : Dieu est déjà vainqueur. C’est ce que nous rappelle la fête de Pâques. Je ne suis pas très porté sur les prophéties, mais il en est une qui m’a frappé : en février 1936, la grande mystique Marthe Robin annonça au père Finet la fin du communisme, du laïcisme et de la franc-maçonnerie, après une intervention de la Sainte Vierge. L’accomplissement de la première partie du programme avait surpris les contemporains de l’effondrement du système soviétique; il se pourrait que la deuxième nous surprenne semblablement.

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