Eric Letty
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Macron, exemple d’autorité illégitime
… Et si Emmanuel Macron avait raison d’imposer le « passe sanitaire » ? S’il était légitime que l’État bride les libertés pour assurer le bien commun en élaborant une politique sanitaire ? Ces arguments, qu’un ami m’opposait récemment, suscitent la réflexion ; mais elle ne tourne pas en faveur du président de la République.Rappelons d’abord quelques principes propres à nourrir le discernement. Concernant la liberté, d’abord : Dieu a créé l’homme libre – même si ce n’est pas au sens où le comprend Jean-Jacques Rousseau. Comme l’écrit saint Jean-Paul II dans Mémoires et identité, « les actes humains sont libres et, en tant que tels, ils en appellent à la responsabilité du sujet ».Liberté et responsabilité vont de pair. En particulier, chaque personne est responsable de son corps, qui « participe à la dignité de “l’image de Dieu” », dit le Catéchisme del’Eglise catholique publié en 1992.Concernant l’autorité, ensuite. Saint Paul appelle les chrétiens à être soumis à celles qui exercent le pouvoir, car elles sont établies par Dieu ; et le Christ Lui-même déclare à Pilate : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’était donné d’en haut. »Toutefois, le Catéchisme enseigne que l’autorité « ne s’exerce légitimement que si elle recherche le bien commun du groupe considéré », qui se définit en référence à la personne humaine, « et si, pour l’atteindre, elle emploie des moyens moralement licites ».Ainsi, « nul ne peut commander ou instituer ce qui est contraire à la dignité des personnes et à la loi naturelle. L’exercice de l’autorité vise à rendre manifeste une juste hiérarchie des valeurs afin de faciliter l’exercice de la liberté et de la responsabilité de tous(…) en vue de la concorde et de la paix ». La doctrine sociale de l’Église pose une autre borne au pouvoir de l’État en introduisant la notion de subsidiarité, qui lui interdit de se substituer à l’initiative et à la responsabilité des personnes et des corps intermédiaires, à commencer par la famille.Les conclusions que j’en tire sont défavorables à Emmanuel Macron et mettent en cause la légitimité de son pouvoir. Sans parler des conditions discutables dans lesquelles il est parvenu à l’Élysée, ni de la loi de bioéthique qu’il a fait voter en violation de l’ordre moral, sa gestion de la crise sanitaire, ses déclarations et contradictions successives, la façon dont il joue de la peur de la maladie pour attiser sciemment les divisions entre les Français en les incitant à se méfier les uns des autres, ne servent pas le bien commun. La division n’est pas de Dieu…Certes, se faire vacciner pourrait apparaître comme un acte de charité, s’il est vrai que la liberté de l’homme trouve sa réalisation la plus complète dans l’amour de Dieu et du prochain, comme l’écrit Jean Paul II et comme le Christ Lui-même nous le montre en donnant volontairement sa vie. Mais un acte de charité résulte d’une décision libre, ce qui n’est pas le cas dans le cadre d’une politique d’obligation qui ne dit pas son nom. À cet égard, la façon du pouvoir d’imposer le« passe sanitaire » est d’autant plus insupportable qu’elle est hypocrite et relève d’un chantage. La régression des libertés publiques et individuelles depuis le confinement s’accompagne en outre, inévitablement, d’une dissolution de la responsabilité. Si je ne suis plus libre de choisir ce qui est préférable pour mon corps – me faire vacciner ou pas – je n’en suis plus responsable ; si je ne suis plus libre de décider de ce qui convient à mes enfants en termes de vaccin ou de scolarité, je ne suis plus responsable d’eux ; si je ne suis plus libre d’accepter qui je veux dans mon restaurant, je ne suis plus responsable de sa gestion, ni de sa bonne marche. C’est l’État qui se déclare lui-même responsable de mon corps, de mes enfants, de mes affaires : le contraire du principe de subsidiarité.