« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Le président crotté

Le mois de janvier 2017 avait vu émerger le candidat Macron, à la faveur du montage Fillon ; il se pourrait qu’en janvier 2022, le Président ait gâché ses chances d’être réélu. Emmanuel Macron a fait une entrée en campagne remarquée, en affirmant avoir « très envie » d’« emmerder »les non vaccinés. Cette nouvelle manifestation d’arrogance contredit le repentir qu’il avait exprimé à l’occasion de ses voeux, quelques jours auparavant ; visiblement, il ne peut passe corriger de ces attitudes de sale gosse jamais sorti des jupes maternantes. Mais cette grossièreté répond aussi, comme il le dit lui-même, à une « stratégie ».Déployée depuis six mois avec le passe sanitaire, cette stratégie de l’emmerdement a consisté à se présenter comme le sauveur aux yeux d’une partie de la population et à en désigner une autre partie comme l’ennemie publique, « irresponsable et égoïste » disait-il au mois d’août, principale coupable de la propagation de l’épidémie de Covid. Diviser pour régner, le principe n’est pas nouveau. Il peut s’y ajouter des calculs politiques plus immédiats. À l’époque, ce discours nouveau (trois mois plus tôt, Macron affirmait que le passe sanitaire ne serait « jamais un droit d’accès qui différencie les Français ») avait permis de clore les commentaires médiatiques sur la déroute inédite du parti présidentiel aux élections territoriales. Aujourd’hui, l’insistance sur la vaccination, en guise de programme de campagne, évite à Emmanuel Macron de dresser le bilan du quinquennat : celui des réformes ratées, des révoltes sociales et du surendettement. De même, faire porter aujourd’hui à des boucs émissaires la responsabilité de la saturation des hôpitaux publics évite de rechercher les véritables fautifs de l’état du système hospitalier. Les Véran et Castex ne s’en plaindront pas.Les ambitions européennes d’Emmanuel Macron fournissent une autre clé de compréhension de cette politique. Ses yeux ont brillé comme ceux d’un gamin devant les vitrines de Noël, quand il est devenu l’éphémère président de l’Union européenne – sans pouvoir réel. L’affaire du drapeau européen déployé sous l’Arc de Triomphe, au-dessus de la tombe du soldat inconnu, ainsi que l’illumination aux couleurs européennes des bâtiments parisiens les plus symboliques, sont d’autres signes de cette addiction européiste, qu’il ne cache d’ailleurs pas. Aux yeux du Président de la République, la France n’est qu’un marchepied pour monter dans le train européen. Or, c’est la Commission européenne qui a négocié, dans une complète opacité, l’achat des vaccins aux grands laboratoires. Macron ne sert pas seulement la soupe à Big Pharma, mais aussi et peut-être avant tout à la Commission de Bruxelles, auprès de laquelle les labos constituent le groupe de pression le plus influent et le plus actif.Pour l’instant, cependant, il lui faut être réélu parce peuple qu’il méprise. Or, politiquement, ses grossières menaces contre les « non vaccinés » pourraient bien lui coûter cher. D’une part, il prend le risque d’apparaître à ceux qui l’ont placé à l’Élysée comme instable, voire déséquilibré. Pécresse, la macronie enjuponnée, pourrait alors devenir à leurs yeux une solution de rechange. À cet égard, l’attitude d’un Alain Minc est significative. Par ailleurs, la déclaration de guerre de Macron à dix pour cent des électeurs provoque un rejet de sa personne qui profitera à son adversaire au deuxième tour, si une partie d’entre eux, au lieu de s’abstenir, se mobilise contre lui : n’importe qui, sauf Macron ! Se tirer une pareille balle dans le pied n’est certes pas le meilleur moyen de gagner la course à l’échalotte.Enfin, un essoufflement de l’épidémie fragiliserait la stratégie d’Emmanuel Macron, fondée sur la peur irrationnelle du virus que la propagande d’État, relayée par les médias, s’est employée à diffuser au sein de la population. La panique dissipée, les marionnettes risquent de s’apercevoir que les ficelles du marionnettiste sont trop grosses et les décisions présidentielles apparaîtront alors pour ce qu’elles sont en réalité, des abus de pouvoir. Il reste trois mois avant l’élection et le président crotté sera peut-être nu d’ici-là. Ou pour utiliser un langage qu’il affectionne, l’emmerdeur barbotera dans le merdier. C’est ce que je nous souhaite à tous, en voeu de bonne année.

Connexion ou Créer un compte