« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Gouvernement fantoche et permanence du macronisme

Il est facile d’ironiser sur le patronyme du nouveau Premier ministre de la macronie, mais il annonce, en quelque sorte, le programme. Elisabeth Borne incarne la technocratie étatique qui conduit la France à sa perte depuis des décennies. Son action sera bornée, en effet, par un Président qui a pris l’habitude de travailler, non pas avec son conseil des ministres, mais avec ses propres conseillers, dans l’opacité de cénacles tels que le conseil de défense sanitaire, dont les délibérations sont protégées par le secret défense. Dans ce contexte, le Premier ministre risque de n’apparaître que comme le coordinateur des figurants de la République. Voilà beau temps, il est vrai, que les ministres éphémères abandonnent aux hauts- fonctionnaires inamovibles le traitement des dossiers importants ; mais Macron met sur la touche ces commis de l’État eux-mêmes, en recourant à des cabinets de conseil privé (souvent étrangers) ou en supprimant le corps diplomatique. Il réalise ainsi à son profit, sans rencontrer d’opposition réelle ou efficace, la prise de pouvoir personnelle qu’aucun candidat patriote n’aurait osé ou pu réaliser s’il avait été élu.

Le gouvernement ressemble donc plus que jamais à un théâtre de Guignol dans lequel le Président- marionnettiste tient toutes les ficelles. Le choix des personnalités qui viennent d’y être nommées est toutefois révélateur des orientations présidentielles. Elisabeth Borne elle-même est décrite comme une technicienne, qui ne sera pas à l’origine des grandes initiatives, mais dont la tâche consistera à mettre en œuvre les décisions prises par Macron et à porter le chapeau en cas de coup dur. Par ailleurs, les principaux ministres sont maintenus dans les fonctions qu’ils occupaient, comme Darmanin à l’Intérieur, Maire à l’Économie et même l’inénarrable Dupond- Moretti à la Justice, en dépit des casseroles retentissantes qu’il traîne derrière lui. Belle justice que celle qui sera rendue sous l’autorité d’un garde des Sceaux mis en examen !

Ainsi, contrairement à ce que Macron lui-même avait annoncé au lendemain de sa réélection en se présentant comme un « président nouveau », nanti d’un « mandat nouveau » pour gouverner un « peuple nouveau » (par le grand remplacement des Gaulois réfractaires ?), la composition du gouvernement s’inscrit-elle dans la continuité du précédent.

Quelques nouvelles têtes laissent pourtant augurer de ce qui nous attend, comme celle de Pap Ndiaye – homonyme de l’inoubliable Sibeth – à l’Éducation nationale. En confiant la formation des jeunes Français à cet « indigéniste » partisan de la « culture de l’effacement » (la « cancel culture » à l’américaine), on élimine tout risque qu’ils ne retrouvent la fierté de leur passé ! Les syndicats d’enseignants de gauche restent toutefois moins prudents et, pour l’instant, cette nomination ne semble pas faire beaucoup de « papistes » au très laïc ministère de l’Éducation nationale.

L’arrivée de Brigitte Bourguignon au ministère de la Santé est encore plus inquiétante. Elle y succède à Olivier Véran, désormais chargé des relations avec le Parlement (ce dernier poste convient comme un gant à un manchot à cet étonnant démocrate, qui, en novembre 2020, avait intimé à l’opposition l’ordre de quitter l’hémicycle). La promotion de cette adepte de la culture de mort, favorable à l’euthanasie et à l’extension aux sage-femmes de la possibilité de pratiquer les avortements, s’inscrit également dans une continuité, celle de la politique mortifère pratiquée pendant le précédent quinquennat avec la loi dite de bioéthique, l’assassinat légal de Vincent Lambert et l’allongement à quatorze semaines du délai de recours à l’avortement.

En fait de nouvelle politique, nous assistons donc aux habituelles provocations d’Emmanuel Macron et à l’aggravation des fractures au sein de la société française. Face à lui, hélas, les partis patriotiques, faute de s’être alliés, ne disposeront probablement que d’un nombre de députés groupusculaire au sein de la nouvelle Assemblée nationale, leurs principaux responsables n’ayant pas voulu surmonter leurs querelles de boutiques et d’égo dans l’intérêt de la France et des Français. Jupiter aveugle ceux qu’il veut perdre.

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