« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Eric Letty

Editorialiste

Vive la France, par Marie

2022, année électorale. Après une élection présidentielle sans ressort, qui a maintenu à l’Élysée le petit maître d’esbrouffe qui vend la France depuis cinq ans, le jeu de dupes démocratique, auquel de moins en moins de Français s’intéressent, s’est achevé par des législatives qui ont surtout montré à quel point notre pays est divisé, morcelé, fracturé. Les flonflons et feux d’artifices du 14 juillet, prétendue fête de l’unité nationale bâtie sur la racine révolutionnaire de nos guerres intestines, se sont éteints sur l’écho des éclatements de mortier dans les banlieues de nos métropoles. Passé cet intermède, nous voilà reconduits à la médiocrité ordinaire d’une vie politique putréfiée.

2022, anniversaire royal ! Et de quelle royauté ! La plus haute, la plus sublime qui soit, après celle de Jésus-Christ Lui-même, à laquelle elle est associée parla Croix. Voilà juste cent ans, dans sa lettre apostolique Galliam Ecclesiae filiam primogenitam, le pape Pie XI écrivait : « Il est certain, selon un ancien adage, que “le royaume de France” a été appelé “royaume de Marie”, et cela à juste titre… ». Évoquant l’histoire de notre pays et tous les saints issus de notre sol, il rappelait le lien particulier qui unit la fille aînée de l’Église et la Vierge sans tache. En même temps que, déférant au vœu de son prédécesseur Benoît XV, le Saint-Père plaçait la France sous le patronage principal de Notre-Dame de l’Assomption, pour comble de bonheur il lui associait comme patronne secondaire sainte Jeanne d’Arc, canonisée deux ans plus tôt – et à laquelle Pie XII ajouterait plus tard sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Jusqu’à présent, même parmi les catholiques français, ce centenaire n’a pas été célébré avec la joie qu’il aurait mérité, joie toute céleste qui devrait combler les âmes et les cœurs à ce souvenir. Hélas, en remisant le Ciel dans la cave de la “sphère privée” que les petits maîtres de la République ont assigné ànotre dévotion, nous avons désappris de prier pour la France. Comme si Dieu se désintéressait de l’histoire  de ses enfants.

Fumée de Satan ! Au contraire, tout le passé de notre nation, depuis le baptême de Reims, témoigne de l’attention active de la Providence dans l’histoire en général et, par Marie, dans celle de la France en particulier. En reconnaissant la royauté de Notre-Dame de l’Assomption sur la France, le pape Pie XI entérinait, à quatre siècles de distance, la décision du roi Louis XIII de placer la France sous la protection spéciale « de la très sainte et très glorieuse Vierge »et de lui consacrer sa personne, son État, sa couronne et ses sujets, afin que le royaume « ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire ». Mais Louis XI, déjà, en 1478, devant Notre-Dame de Boulogne, la Vierge nautonière, avait reconnu solennellement la reine du Ciel comme « suzeraine des rois de France »; et, dès 813, à l’époque du concile de Mayence, Charlemagne avait érigé l’Assomption de la Vierge, le 15 août, en fête d’obligation pour tout son Empire. Ses lettres de chrétienté, la France les tient de Marie, ce qui n’est pas un motif d’orgueil, mais une très puissante raison d’espérer.

Le Ciel n’est pas avare dans ses dilections et Marie est reine de l’Univers et de tous les peuples. La Vierge de Czestochowa veille sur la Pologne, celle de Fatima sur le Portugal, celle de Guadalupe protège le Mexique. Mais les sanctuaires dédiés à Notre-Dame tissent un immense rosaire sur notre pays, et la présence mariale, les nombreuses apparitions de la Sainte Vierge, multipliées depuis la Révolution et les temps de l’apostasie collective qui paraît triompher aujourd’hui, y ont répandu à profusion des grâces qui ne seront pas perdues. Notre France peut être momentanément infidèle ; mais la fidélité de Marie est éternelle. Cette conviction inébranlable, qui devrait tenir au cœur de tout catholique français, a été confirmée voilà deux ans, au début de la semaine sainte, par un symbole fort : dans l’incendie de Notre-Dame, alors que la flèche de la cathédrale s’était abattue dans le brasier, les saintes reliques contenues dans le coq n’ont pas souffert. Gardons ce signe alors que la charpente chrétienne de notre pays paraît brisée et que la flèche de son âme semble s’abîmer dans le matérialisme ambiant, et prions la Vierge de l’Assomption de sauver une nouvelle fois son royaume.

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