Abbé de Tanoüarn
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Pie X : Un pape face à la crise moderne
Dans la galerie des papes du XXe siècle que nous avons entreprise, voici la suite de la synthèse d’Yves Chiron sur le grand pape saint Pie X, pape conservateur, mais bien plus moderne que ses prédécesseurs Pie IX et Léon XIII. Est-ce sa modernité qui lui a permis de saisir la gravité de ce qu’il a appelé le modernisme, égoût collecteur de toutes les hérésies comme il disait sans s’encombrer.
Comment définiriez-vous le modernisme, que Pie X a condamné en 1907 comme le carrefour de toutes les hérésies ?
Le mot «modernisme» appliqué aux questions religieuses est apparu en Italie en 1903 sous la plume d’un de ses adversaires, le futur Mgr Benigni, mais le courant est né sous le pontificat de Léon XIII, dans les années 1892-1893. Les modernistes ont souvent présenté leurs travaux comme la simple application d’une « méthode critique »aux sciences religieuses (métaphysique, théologie, exégèse). En fait, il y avait, chez beaucoup, une ambition doctrinale. Le principal représentant français du modernisme, l’abbé Alfred Loisy, dira éprouver la nécessité d’une «adaptation de l’Évangile à la condition changeante de l’humanité». Il voulait établir «l’accord du dogme et de la science, de la raison et de la foi, de l’Église et de la société». La procédure de mise à l’Index des livres de Loisy, commencée sous Léon XIII, aboutira au début du pontificat de Pie X. Si le modernisme fut majoritairement français (Blondel, Le Roy,Loisy, Houtin, etc.), un courant similaire existe en Angleterre, en Italie et dans d’autres pays (Tyrrel, Murri, Buonaiuti, etc.). Tous veulent rénover, en histoire, en exégèse, en philosophie, en théologie, les «vieilles formules de la foi catholique», selon l’expression du moderniste italien Fogazzaro. En 1907, Pie X intervient solennellement par deux actes: le 3 juillet le décret Lamentabili dresse une liste de 65 propositions «à réprouver et à proscrire». Sept types d’erreurs sont visées, relatives à l’interprétation des Écritures, à l’inspiration et à l’historicité des Evangiles, à la Révélation et à la définition des dogmes, à la personne du Christ, aux sacrements, à l’Église, à la doctrine et, enfin, à la science. Deux mois plus tard, par l’encyclique Pascendi, le 8 septembre, Pie X condamne de manière systématique et détaillée les erreurs du modernisme. Après une partie doctrinale, l’encyclique contenait aussi une partie pastorale, des recommandations pratiques pour combattre l’erreur moderniste. Il était notamment demandé à chaque évêque de mettre en place un Conseil de vigilance pour veiller à l’orthodoxie de l’enseignement de la foi à tous les niveaux (livres et revues, catéchismes, séminaire).Par la suite, en 1910, sera institué un Serment antimoderniste que devront prêter tous les prêtres et tous les séminaristes appelés aux ordres majeurs.
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Ceci est un extrait d'un entretien avec Yves Chiron paru dans le numéro 908 en vente dans notre espace boutique
Propos recueillis par l'Abbé Guillaume de Tanoüarn