« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

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Christophe Mahieu

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François : les vœux de la Miséricorde

À la différence de l’année passée, les vœux à la curie du pape François le 22 décembre dernier n’ont pas été un supplice pour son auditoire. En cette année de la miséricorde, il ne fallait pas avoir la main lourde. Le pontife n’en a pas moins été moralisateur.

C’est l’année de la miséricorde et le pape a voulu montrer l’exemple. Après avoir fait retirer son accréditation au vaticaniste Sandro Magister, accusé (injustement) d’avoir violé l’embargo sur l’encyclique Laudato Si, le père Lombardi, porte-parole du pape, a annoncé qu’il restituait le précieux sésame au journaliste banni. Pourtant, depuis son éviction de la salle de presse, le spécialiste des arcanes du Vatican n’a pas chômé. Il faut dire qu’il avait de quoi faire : entre le motu proprio sur les procédures de nullité de mariage, le synode sur la famille et dernièrement l’annonce d’un synode posant la question du mariage des prêtres, il y avait du pain sur la planche. Rappelons-le, Sandro Magister est la personne qui s’est procuré la fameuse lettre signée par treize cardinaux et adressée au pape, dans laquelle les hommes en rouge exposaient leurs vives inquiétudes devant une évolution doctrinale sur le mariage… Comme dit le proverbe : « Sois proche de tes amis et encore plus proche de tes ennemis. » Et peut-être que les services de presse du Saint-Siège ont estimé qu’il valait mieux garder auprès de soi un homme aussi efficace. Un catalogue de vertusCes deux vertus font précisément partie d’un catalogue présenté par le pape François devant la curie romaine le 22 décembre dernier. En 2014, François avait déclenché un tremblement de terre à l’ombre de la basilique Saint-Pierre en énumérant les quatorze maladies de la curie. Cette année, le souverain pontife a eu la main moins lourde. Il a d’abord souhaité reconnaître les qualités d’une structure en pleine réforme : « Toutefois, les maladies et même les scandales ne pourront pas cacher l’efficacité des services que la Curie romaine avec effort, avec responsabilité, avec engagement et dévouement, rend au Pape et à toute l’Église, et cela est une vraie consolation. [….] Ce serait une grande injustice de ne pas exprimer une vive gratitude et un juste encouragement à toutes les personnes saines et honnêtes qui travaillent avec dévouement, dévotion, fidélité et professionnalisme, offrant à l’Église et au Successeur de Pierre le réconfort de leur solidarité et de leur obéissance ainsi que de leurs prières généreuses.» Cette injustice et même cette ingratitude avait précisément été reprochée au pape François qui, malheureusement trop souvent, fait de cas particuliers des généralités. Que l’on ne se méprenne pas : la réforme de la curie a été et reste très clairement nécessaire. L’optimisation des structures de décision et de communication, l’application du principe de subsidiarité au sein de la hiérarchie ecclésiastique, la professionnalisation de la gestion interne sont des éléments essentiels pour un État comme la Cité du Vatican et le Saint-Siège. Rappelons-le, François a d’abord été élu pour cela. Et l’affaire Vatileaks II a prouvé  que nettoyer les écuries d’Augias était un travail de tous les instants, que des brebis galeuses continuaient de sévir ici et là. En rendant hommage à un personnel trop souvent désavoué, François rétablit donc un équilibre. Cela ne l’empêche pas de continuer à être moralisateur.L’œuvre de Dieu dans notre vieEn présentant un catalogue de vertus, François a rappelé à son public qu’il avait été élevé à l’école de saint Ignace. Comme l’année passée, ce catalogue n’était pas destiné uniquement à la curie et à ses cardinaux : être missionnaire et pastoral, exemplaire et fidèle, raisonnable et aimable, honnête et mâture, fiable et sobre sont des qualités que chacun devrait appliquer dans son quotidien. Mais il est vrai que nul n’est parfait et que, « durant notre vie, nous n’arrivons à accomplir qu’une petite partie de cette entreprise magnifique qui est l’œuvre de Dieu. Rien de ce que nous faisons n’est complet » selon la prière du bienheureux Romero. Cependant, en lisant toute ces vertus, notre attention s’est arrêté sur un passage bien particulier, celui consacré à la déférence et l’humilité. Le pape François les définit de la façon suivante : « La déférence est le talent des âmes nobles et délicates ; des personnes qui cherchent toujours à montrer un respect authentique envers les autres, envers leur propre rôle, envers les supérieurs, les subordonnés, les dossiers, les papiers, le secret et la confidentialité ; les personnes qui savent écouter attentivement et parler poliment. L’humilité, de son côté, est la vertu des saints et des personnes remplies de Dieu qui, plus elles acquièrent de l’importance, plus grandit en elles la conscience de n’être rien et de ne rien pouvoir faire sans la grâce de Dieu (cf. Jn 15, 8). » En lisant ces quelques lignes, une figure s’est imposé à nous : celle du pape émérite Benoît XVI. Cet homme habité de Dieu qui, aujourd’hui abîmé dans la prière, retiré dans le monastère Mater Ecclesiae dans le silence des jardins du Vatican, a toujours estimé que l’avenir nous appartenait.    

Christophe Mahieu

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