« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

Numéro en cours

Gabrielle Cluzel

Journaliste
 

Femmes Occidentales ...

Preuve patente que l’Allemagne n’est pas « tombée des nues » le 1er janvier 2016, et qu’elle avait déjà eu vent de quelques « gestes inappropriés » – pour reprendre une expression chère à Clinton et DSK –, ce guide « L’Allemagne et ses habitants », publié dès le mois d’octobre par la Bayerischer Rundfunk, radio/télévision bavaroise publique. Une initiative inscrite dans un projet plus vaste intitulé « Ankommen » (« arrivée »), mis en œuvre par le gouvernement fédéral allemand dans le cadre de l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015. En quoi consiste ce guide ? En « un ensemble de 14 dessins », explique Le Monde, « mettant en scène des moments de la vie courante, mais aussi des comportements violents barrés d’une croix orange », ou autrement dit en une succession de pictogrammes « ressemblant à s’y méprendre aux planches de consignes de sécurité dans l’avion », montrant ce qu’il faut faire et surtout ne pas faire avec les Allemandes, en croisant les doigts pour que ce mode d’emploi sommaire, ce code de la route des sexes en Occident (feu rouge, feu vert, stop) suffise à “faire le job” d’une culture bimillénaire. Le caractère simpliste du croquis rappelant les us et coutumes des autochtones de façon toute teutonne – c’est à dire sacrifiant la finesse sur l’autel de l’efficacité – mais il est vrai que pour communiquer avec une population que ne comprend que couic à la langue de Goethe, un petit dessin vaut mieux qu’un long discours – vexe un certain nombre d’intellectuels du Moyen-Orient, comme la célèbre journaliste émiratie Jenan Moussa (« doit-on rire ou pleurer ? ») ou l’architecte libano-britannique Karl Charro, qui, en guise de rétorsion, a mis en ligne sur son compte Twitter un guide de conduite des Européens au Moyen-Orient, sur fond de dérision : On y voit un char pénétrant en Irak, un avion larguant une bombe, etc., barrés d’une croix orange. L’argument fait sourire mais est un peu facile. Il est une chose ou deux qu’on aimerait leur dire. Avec franchise. Le guide n’est pas subtil ? Il l’est encore infiniment plus que les comportements qu’il vise à bannir. La dotation, dans sa version germanophone et dans un papier de soie agrémenté d’un nœud en bolduc, du best-seller occidental « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus », vade-mecum visant à décrypter les nuances psychologiques des deux sexes aurait sans doute été mieux perçu par la presse, mais n’aurait servi qu’à caler un pied de table bancal dans un logement social.Le guide est insultant pour les populations du Moyen-Orient ? Il l’est encore infiniment plus pour les femmes occidentales. Cet abrégé de « savoir-vivre » – de savoir-vivre très, très élémentaire – semblable à un manuel d’utilisation d’électroménager sorti des usines Miele ou Bosch, laisse perplexe. Où sont passés Tristan et Iseult, La Princesse de Clèves, Le Lys dans la Vallée et Cyrano de Bergerac et, pour rester couleur locale, Les Souffrances du jeune Werther ? Non, les femmes occidentales ne s’apparentent pas à des lave-vaisselle, avec quelques boutons sommaires à connaître et deux ou trois manipulations malheureuses complètement « verboten », qui endommagent le matériel. Et justement, on peut voir actuellement sur quelques écrans Les filles au Moyen-âge, de Hubert Viel, avec Michael Lonsdale. On ne connaissait pas, à l’époque le lave-vaisselle, ni pareilles manières avec les femmes. 

... Et mères de famille en vacances

Les vacances de février sont là, et s’étirent souvent interminablement, pour les familles qui n’ont pas les moyens de partir aux sports d’hiver. Pas de réunions familiales, comme à Noël, pas de douce chaleur, permettant, allez ouste, d’envoyer jouer dehors les enfants dès potron minet comme durant l’été, pas de noix à ramasser, comme à la Toussaint, pas de pâquerettes à cueillir ni d’œufs à chasser, comme à Pâques. Rien. Morne plaine. Les mères de famille soupirent. Sans doute devraient-elles prendre leur courage à deux mains et faire preuve d’inventivité : sortir la peinture à l’eau, animer des ateliers pâte à modeler, jouer au Lynx, organiser des sorties culturelles, inviter des amis, superviser les devoirs. Les vacances de février sont, au choix, épuisantes ou culpabilisantes. Car si elles ne font rien de tout cela, elles s’en veulent de constater que leurs enfants s’ennuient.Elles ont bien tort. Car un enfant qui s’ennuie a le plus souvent des parents unis. Les autres ne peuvent s’offrir le luxe de traînailler. Il faut d’abord prendre le train pour rejoindre le deuxième parent. Cela prend du temps. Il faut constater que l’on a oublié la moitié de son matériel scolaire chez le premier, et ramer pour se rééquiper. Cela occupe. Il faut se réapproprier un univers, dans lequel on ne vit pas de façon habituelle, et réapprivoiser des demi-frères et sœurs, entre défiance et jalousie. C’est nerveusement fatiguant. Il faut se réacclimater à un beau-parent qui pour se montrer à la hauteur, surjoue le rôle de père ou mère parfait : peinture à l’eau, pâte à modeler, Lynx, musées, invitations, soutien scolaire. C’est épuisant. Que donneraient-ils pour s’ennuyer !... Entre leurs deux parents.  

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