Christophe Mahieu
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Le Vatican, ce guêpier
Qui s’y frotte s’y pique… Et si, malgré sa popularité mondiale, l’échec de François était inscrit depuis le début au Vatican même ?
Pour le trentième anniversaire de la rencontre d’Assise, les drapeaux médiatiques, sans être en berne, ne claquaient pas au vent. Loin de là. La popularité du pape François, qui a fait le voyage le 2 septembre dernier, n’y a rien changé. L’initiative interreligieuse de Jean-Paul II du 27 octobre 1986 semble aujourd’hui bien loin… pour ne pas dire dépassée. En Angleterre, le Catholic Herald estime même que l’événement a atteint sa « date de péremption » ! Pourtant, on s’en souvient, Assise provoqua l’indignation de Mgr Marcel Lefebvre et fut une cause des sacres de 1988 provoquant les fameuses excommunications. Cependant, sous le pontificat de Benoît XVI, on assista à une mutation de l’événement. Le syncrétisme et le relativisme étaient remisés au placard, remplacés par une « discussion » libre entre confessions religieuses et quelques athées, le tout avec une image en héritage : celle du pape dans la crypte, à genou et en prière devant la tombe du Poverello. Derrière lui, debout, apparaissaient les représentants des autres communautés chrétiennes ou religieuses. Dans sa petitesse et par ce geste de Foi et d’humilité, l’homme en blanc nous semblait bien au-dessus de ces « représentants » qui ne bronchaient pas. Le temps où Bouddha trônait sur l’autel était bel et bien révolu. Aujourd’hui, tout change, même Assise, parce que rien ne change… On peut même dire que la pente est raide : alors que cette rencontre interreligieuse avait pour premier objectif de prier pour la paix et de la promouvoir, l’événement semble en total décalage avec la réalité internationale et religieuse. Après la défense du droit d’ingérence par le pape Ratzinger sur fond de printemps arabe, François, lui, nous a rappelé que la guerre juste était un vieux concept dans la longue histoire de l’Église… Prier pour la paix est donc une chose nécessaire, c’est évident. Mais depuis plusieurs années, la dure réalité de la persécution des chrétiens explose à la figure d’un angélisme dévastateur. L’heure est à la Realpolitik et même le Dalaï-lama n’était pas invité à Assise. Afin, peut-être, d’éviter de froisser les Chinois qui, dit-on, sont dans les petits papiers du pape argentin.Une histoire de gros sous En élargissant notre réflexion, on peut se demander si la machine pontificale ne se grippe pas et n’a pas atteint ses propres limites. Nous sommes dans la quatrième année du Pontificat et de nombreux dossiers tardent à trouver des solutions et donnent une impression d’inaccompli: après avoir tant fait pour l’assainissement financier de la banque du Vatican, l’Institut des œuvres religieuses (IOR), François et son « Ministre des finances », le cardinal Pell, rencontrent des oppositions dans la gestion interne des flux financiers liés aux dépenses du Saint-Siège. Alors qu’un audit externe par la société internationale Price Waterhouse Coopers était prévu, il a été finalement annulé au terme d’une bataille interne dont seul le Vatican semble avoir le secret. Une défaite pour le cardinal australien dont il est difficile de mesurer les dommages collatéraux pour François. Benoît XVI avait vécu quasiment la même chose au moment de la mise en minorité d’Ettore Gotti Tedeschi, patron de l’IOR, pourtant nommé à ce poste dans le but d’assainir les choses. Las, le banquier italien dut subir un vote de défiance mené par des proches du pape ! Néanmoins, le pape François ne semble pas se décourager. Il continue inlassablement à « lancer des processus » et à « construire des ponts ». Par exemple, le 5 octobre dernier, il a souhaité inviter l’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, à prier les vêpres dans la petite église romaine San-Gregorio-al-Cielo. Mais il suffit de regarder l’état déplorable de l’anglicanisme pour s’interroger sur le résultat de telles initiatives. Mariage des prêtres, femmes prêtres, femmes évêques depuis janvier 2015, reconnaissance du mariage homosexuel par l’Église épiscopale des États-Unis… L’anglicanisme est aujourd’hui en crise profonde et révèle à l’Église catholique les chemins qu’elle ne doit pas emprunter au risque de créer des schismes multiples ! Bref, il est difficile de croire à un quelconque résultat sur le front des rapports entre le catholique et l’anglican… Les papes, à la différence des présidents français, n’ont pas cent jours pour faire leur preuve. Le temps de l’Église n’étant pas le temps des hommes, chaque pontife donne les grandes orientations d’un pontificat dans les deux à trois premières années de règne. Après cette période, la nouveauté s’estompe et une forme de routine s’installe. Tant et si bien qu’au Vatican, sur cent personnes, on dit que vingt défendent le pape, dix luttent contre lui et les soixante-dix restantes attendent son départ…
Christophe Mahieu