« Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. »

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Hubert Champrun

Hubert Champrun

Pages Culture

Une épiphanie de la droite

Nicolas Dupont-Aignan a lancé mardi 25 octobre une plateforme collaborative, « Les Amoureux de la France ». Le ton en est vainqueur, et même conquérant : « Finies les défaites ! Amoureux de la France et fiers de notre civilisation européenne, nous sommes des millions à partager les mêmes valeurs de liberté, de travail, d’autorité, de justice et d’indépendance nationale. […] Oui, nous ferons gagner la France en dépassant les faux clivages et les appareils partisans car nul ne pourra gagner seul. Prenons les choses en main ! Seule la mobilisation du peuple peut obliger les partis à dépasser leurs divisions artificielles ! Oui nous ferons gagner la France avec audace, rêve et innovation car nous savons que notre pays a tous les atouts pour réussir. »Qui sont ces millions de personnes que le président de Debout la France ! n’a pas réussi à réunir autour de lui, lors des dernières élections présidentielles ? Tous les Français “de droite” qui n’en peuvent plus des prétendus partis de droite, des tactiques partisanes, des logiques d’appareil. À en croire Nicolas Dupont-Aignan, mais aussi Emmanuelle…
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Fraternité forcée

Brahim est drôle. Brahim est comédien. Brahim a du succès. Brahim est beur. Brahim a une famille. Brahim a un frère, Mourad. Le Prix du succès analyse la période où Brahim va vouloir échapper à son “identité” communautaire, donc à sa communauté : fraternité forcée des immigrés et de leurs descendants, religion musulmane décalée par rapport aux mœurs françaises, famille cocon qui vire cellule, il rejette tout ; et donc son frère Mourad, son mentor, son chauffeur, son agent, son producteur, qui est devenu son boulet. Le film est une belle histoire d’émancipation (sans surprise narrative, certes, mais qu’importe) tournée avec une très belle intensité : caméra portée, montage nerveux, gros plans dramatiques, brusques accélérations, on se croirait dans un film de braquage. C’est très intelligent car cela évite les longs dialogues où chacun dissèque son moi, affreux travers des “comédies psychologiques” françaises. Le jeu des acteurs est très physique : déplacements, postures, ton et débit de la voix, chaque personnage est d’abord une présence précise, les rôles les plus minces bénéficiant de visages…
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Et Dior créa la femme

Les robes de Dior sont autant de chapelles baroques. Petits monuments d’architecture, elles servent une féminité incarnée et convoquent autour de cette très terrestre divinité toutes les ressources de l’art et de la nature : fleurs, plumes, fibres, Rhodoïd, néoprène, plissés savants, silhouettes affirmées, armatures secrètes, étoffes denses ou nuageuses, tout concourt à ériger la femme, transformée en autel ambulant de son propre culte. Ligne Sinueuse, ligne Pyramide, ligne Trapèze, ligne Fuseau, ligne Corolle… Il s’agit à chaque fois de concilier l’élan et la stature, de permettre au corps de s’animer tout en le guidant par la coupe, parfaite tension. Entre le Bernin et Borromini, Christian Dior ne choisit pas, ni ses successeurs, allant du plus cérébral au plus luxuriant, au risque du faux-pas exotique, qui, même lui, demeure dans la tradition française de l’influence. L’exposition est fascinante car elle révèle – ou choisit ? – le parti pris de la continuité : depuis le New Look de 1947 et son emblématique tailleur Bar jusqu’au tailleur Rêve infini de Maria Grazia Chiuri…
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Lumières de la foi au siècle des Lumières

Au xviiie siècle, à Paris, les vitraux gothiques étaient remplacés par du verre blanc, on restaurait les vieux édifices (ou on les abattait) et on décorait les églises avec de grands tableaux lumineux : c’était le temps des vraies lumières. En 1764 Louis XV posait la première pierre de la nouvelle Madeleine et celle de la nouvelle église Sainte-Geneviève. De la première il ne nous reste qu’une maquette (le chantier fut arrêté), la seconde est devenue le Panthéon ; un petit tableau nous montre la cérémonie de la première pierre devant une façade, sans dôme : c’est une gigantesque toile peinte de plus de 1 200 mètres carrés qu’on avait installée pour que le Roi ait une bonne idée du résultat final.L’époque aimait ces illusions : à Saint-Roch, Boullée imaginait une chapelle du Calvaire avec de vrais rochers et des toiles peintes représentant un ciel d’orage ; aux Enfants-Trouvés, devant Notre-Dame, une chapelle imaginait une gigantesque crèche au toit faussement ruiné laissant voir les cieux (et l’exposition reconstitue ce qui a disparu) ; Coypel, à Saint-Nicolas-du-Louvre,…
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La trahison en images

Le film Silence de Scorsese, dont il sera sans doute beaucoup question, rappelle par antiphrase le mot de Pascal : Jamais les saints ne se sont tus !… Autant dire que ce silence nous parle plus de trahison que de sainteté. S’il s’agissait de tout autre que Scorsese, Silence aurait été accueilli comme un film long, plat, mal joué, verbeux et racoleur. Je regrette que l’œuvre puisse en outre, clairement, être considérée comme anti-catholique car on pourrait croire que les jugements esthétiques ici portés ne sont animés que par un esprit partisan : il n’en est rien, et il sera intéressant de faire une revue critique de la réception du film, lorsque sa carrière commerciale sera achevée.Silence raconte comment le père Rodriguez, jésuite portugais, part pour le Japon où les catholiques sont persécutés d’horrible manière, les Japonais ayant décidé que la foi du peuple doit être celle du prince, et qu’un dieu universel prêché par des Portugais s’accorde mal avec la politique intérieure japonaise et son culte du soleil. Le prêtre reniera sa…
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Rembrandt : les effets de la lumière

Quel que soit le prétexte de l’exposition (ici explorer, autour des trois œuvres du musée, ce que Rembrandt a peint pendant la même période), on ne peut refuser d’aller contempler les Pèlerins d’Emmaüs. Mais « Rembrandt intime » nous offre d’autres chefs-d’œuvre, dont un admirable Saint Paul assis à sa table de travail : lumière à la fois précise et diffuse, pénombre envahissante mais néanmoins bornée, attitude méditative sans lassitude, vieillesse sans décrépitude, on est happé par ce portrait imaginaire et qui, pourtant, nous parle avec émotion et avec vérité de l’apôtre rédigeant ses épitres, au moment où il se recueille, dompte son intelligence, pèse ses mots et va frapper sa formule. L’exposition n’est pas immense mais riche, permettant d’admirer le peintre comme le graveur et le dessinateur : ses croquis sont si vifs qu’ils s’animent, comme Le Sacrifice de Manoah, et on comprend mieux la vie intérieure, vibrante, de ses portraits et de ses toiles plus contemplatives : son art est dans la maitrise de sa fougue. Lui aussi dompte son mouvement et ses…
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La critique Cinéma

Claus Pedersen est danois. Il est soldat. Il est en Afghanistan. Il patrouille avec ses hommes pour qu’ils n’aient pas l’impression d’effectuer une tâche absurde (et pourtant…). Il a la tête d’Obi Wan Kenobi jeune. Il vit la guerre moderne et humanitaire dans son absurdité de toujours et d’aujourd’hui : les gens meurent, quoi qu’on fasse, car la guerre, c’est sale. Au loin, dans la mère patrie, on s’émeut : des civils ont été tués. A War est un “petit” film remarquable, qui embrasse toutes les questions morales de la guerre et du guerrier : a-t-on le droit de tuer ? Qu’est-ce qu’une mission ? Qui protège-t-on, soi, ses frères d’armes, les populations ? Qui est l’ennemi ? Comment le pouvoir décide, ordonne, assume ? Quel est le rôle de l’opinion publique ? Où est la justice – et quelle justice ? Claus Pedersen va pouvoir se poser toutes ces questions en boucle. Les civils morts lui sont jetés à la face, il doit se justifier. Dans la vraie vie, il n’y a pas de jedi, il n’y a que…
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Quelle force réveille cette Guerre ?

Disney nous propose le premier film d’une nouvelle trilogie de La Guerre des Étoiles. Succès absolu ! Au delà de l’esthétique, comment expliquer que le septième épisode de la Saga tutoie déjà tous les succès du Box Office dans l’histoire du cinéma ? George Lucas a créé une saga, La Guerre des étoiles, pour raconter la vie d’Anakin Skywalker (Marcheur-du-Ciel) : de son enfance à sa rédemption, en passant par sa consécration et sa chute. Son destin hors du commun se confond avec l’histoire politique d’une galaxie entière, balançant entre démocratie et dictature en fonction de ses choix. Une quête héroïque qui mêle allègrement des dizaines d’influences mais surtout s’efforce (au moins dans les trois films de la “deuxième” trilogie sortis entre 1977 et 1983, les épisodes IV à VI) à une certaine épure mythique, à un schéma narratif véritablement universel dans ses articulations. C’est que Lucas a retenu les leçons de Joseph Campbell, spécialiste américain des religions, comparatiste forcené : « Que nous écoutions avec une réserve amusée les incantations obscures de…
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